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Variantes d’éditeurs et évolution syntaxique au XVIe siècle

  • Laura-Maï Dourdy EMAIL logo
Veröffentlicht/Copyright: 9. Dezember 2022
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Abstract

This article sheds light on the linguistic modifications found in nine successive sixteenth-century editions from Paris and Lyon of the anonymous prose version of La Belle Hélène de Constantinople. Particular focus will be placed on aspects of syntactic revision, such as subject-verb inversion in declaratives, placement of object pronouns, introduction of embedded clauses and separation of relative clauses from their antecedents. After a presentation of the textual tradition, linguistic variants will be examined in light of previous studies on Middle and Preclassical French, and then compared with data found in sixteenth- and seventeenth-century grammars. It is in prints from the second half of the sixteenth century that one tends to find linguistic variants that became predominant and spread. This confirms the hypothesis of a global linguistic change in the middle of the sixteenth century, which allowed the frontier between Middle French and Preclassical French to shift at that time. Corpora comprising various successive editions of the same text thus make it possible to observe and date phenomena of linguistic evolution and offer a window into the editorial habits concerning the language. They make it easier to see how the process of language standardisation was linked to the development of printing.

1 Introduction

Parmi les huit imprimeurs-libraires parisiens et lyonnais qui ont édité au XVIe siècle La Belle Hélène de Constantinople anonyme en prose (XVe siècle, Colombo Timelli/Ferrari et al. 2014, 61), seul le Parisien Nicolas Bonfons s’exprime, dans un Avis aux lecteurs, à la fin du roman, pour donner un conseil de lecture, qui s’apparente à un avertissement : ne prendre le mensonge pour la verité (1586, 42b). Aucun d’eux n’évoque de rajeunissement ou de correction de la langue, dont il est parfois fait mention dans le paratexte éditorial des œuvres diffusées à la fin du XVe et au XVIe siècle. Pourtant, la collation des témoins imprimés de La Belle Hélène (désormais BH) révèle un grand nombre d’interventions au fil des éditions. Les variantes linguistiques sont notamment très nombreuses, à tous les niveaux. Ferrari (2006) étudie, par exemple, celles qui touchent le lexique. Au XVIe siècle, la BH a été éditée d’abord entre 1519 et 1531, puis entre 1557 et 1593[1]. Au moins vingt-six années séparent donc ces deux vagues éditoriales, ce qui n’est pas anodin, à une période qui voit se bousculer les changements linguistiques (Combettes/Marchello-Nizia 2010, 133), et explique les nombreuses modifications apportées à la langue dans les imprimés de la deuxième partie du siècle.

Les variantes linguistiques relevées au moyen de la comparaison des témoins dans des traditions manuscrites, imprimées ou mixtes ont prouvé leur intérêt pour une analyse de l’évolution de la langue (Hasenohr 1997 ; Buridant 2000 ; Bertin 2007). Les diachroniciens qui travaillent sur les imprimés anciens se sont d’abord penchés sur les phénomènes graphiques (Catach 1968 ; 1977), avant d’étendre leurs analyses à d’autres niveaux linguistiques (Parussa 2019).

La présente étude s’insère dans un projet étendu dont l’objectif est d’analyser plusieurs cas de changements linguistiques amorcés au XVe et au XVIe siècle, et qui s’accélèrent probablement avec le développement exponentiel de l’imprimerie et la sélection et diffusion de certaines variantes linguistiques plutôt que d’autres. Il s’agit de multiplier les exemples de changements internes afin de repérer d’éventuels « faisceaux de convergence » (Combettes/Marchello-Nizia et al. 2020, 70) qui permettraient in fine de préciser la frontière qui sépare le moyen français du français préclassique, ou Early modern French (Badiou-Monferran 2011), vers le milieu du XVIe siècle (Combettes/Marchello-Nizia 2010 ; Combettes 2011)[2]. À partir de l’étude de plusieurs traditions textuelles imprimées de romans de chevalerie et de mystères, nos travaux précédents ont recensé plusieurs exemples d’évolutions lexicales, graphiques, morphologiques (Dourdy 2017 ; 2020), syntaxiques et énonciatives (Dourdy 2019) et de changements dans les pratiques de ponctuation (Dourdy/Spacagno 2021). Cette enquête se concentre uniquement sur des phénomènes syntaxiques relevés en comparant quasiment toutes les éditions imprimées au XVIe siècle connues à ce jour[3] qui contiennent la version anonyme de la BH (9/10). L’analyse linguistique prend appui sur une étude philologique et matérielle de la tradition textuelle imprimée de la BH, qui consiste à révéler en premier lieu les relations entre les éditions et entre les ateliers dans lesquels elles ont été préparées (par ex. Droixhe 2012). Notre corpus est constitué des imprimés suivants (Colombo Timelli/Ferrari et al. 2014, 65–66) :

1) Paris, Veuve Jean Trepperel (Marguerite Guymier), s. d. (1519–1525)[4], à l’Écu de France. Exemplaire consulté : Paris, BnF, Rothschild, 4 (6, 71) ; caractères gothiques, une colonne ;

2) Lyon, Olivier Arnoullet (1), 1524[5]. Exemplaire consulté : Grenoble, BM, E-30108–Rés. ; caractères gothiques, une colonne ;

3) Paris, Alain Lotrian, s. d. (1525–1547), à l’Écu de France. Exemplaire consulté[6] : Séville, B. Cap. Y Colomb., 4–I–28 ; caractères gothiques, une colonne ;

4) Lyon, Olivier Arnoullet (2), 1528. Exemplaire consulté : Paris, BnF, Arsenal, Réserve 4–BL–4345 ; caractères gothiques, une colonne ;

5) Paris, Veuve Nicolas Chrestien (Dauphine Lotrian), s. d. (vers 1557–1558), à l’Écu de France. Exemplaire consulté : Paris, BnF, Rés. Y2–708 ; caractères gothiques, deux colonnes ;

6) Paris, Veuve Jean Bonfons (Catherine Sergent), s. d. (1568–1572), à l’Enseigne Saint Nicolas. Exemplaire consulté : Paris, BnF, Rés. Y2–760 ; caractères gothiques, deux colonnes ;

7) Paris, Simon Calvarin, s. d. (1571–1593), à l’Enseigne de la Rose Blanche couronnée. Exemplaire consulté : Londres, BL, C-63–f–3 ; caractères gothiques, deux colonnes ;

8) Paris, Nicolas Bonfons, 1586, à l’Enseigne Saint Nicolas. Exemplaire consulté : Paris, BnF, Arsenal, Réserve 4–BL-4346 ; caractères romains, deux colonnes ;

9) Lyon, Benoît Rigaud (2), 1593. Exemplaire consulté : Augsbourg, SuStB, LA-5304 ; caractères romains, une colonne.

Contrairement à d’autres mises en prose imprimées à la même époque, ces éditions présentent peu de bois gravés, et les deux dernières éditions de notre corpus sont les seules à avoir été imprimées avec des caractères romains. Simon Calvarin, qui fait pourtant imprimer des ouvrages en caractères romains depuis 1571[7], choisit d’imprimer la BH en caractères gothiques.

Pour chaque témoin, trois à quatre feuillets ont été transcrits diplomatiquement au début, au milieu et à la fin de l’imprimé. Les transcriptions ont été collationnées et nous avons relevé, d’une part, des variantes qui permettent de dessiner une filiation entre les éditions et, d’autre part, des variantes qui permettent, en sus, d’analyser les changements qui interviennent dans la langue du XVIe siècle. Notre collation confirme l’ordre entre les éditions et les groupes établis par Ferrari (2004) et repris dans le Nouveau Répertoire de mises en prose (Colombo Timelli/Ferrari et al. 2014, 66). Deux « familles textuelles » sont reconnaissables. D’une part, l’édition de la Veuve Jean Trepperel a servi de modèle à celle d’Alain Lotrian, à partir de laquelle ont été faites indépendamment celle de la Veuve Nicolas Chrestien et celle de la Veuve Jean Bonfons, sur laquelle s’appuie Simon Calvarin. D’autre part, les deux éditions d’Olivier Arnoullet initient l’autre branche du stemma. La deuxième édition d’Olivier Arnoullet a servi de modèle à celle de Benoît Rigaud, qui a elle-même servi de base à l’édition de Nicolas Bonfons. Les éditions de la Veuve Jean Trepperel et d’Olivier Arnoullet (1) dériveraient « indépendamment l’un[e] de l’autre d’un ancêtre commun perdu » (Ferrari 2004, 66). L’exemple ci-dessous fait état de la variation éditoriale et permet, associé à plusieurs autres cas de modifications textuelles, de mettre en lumière la tradition de la BH :

Tableau 1
Veuve Jean Trepperel Olivier Arnoullet (1) Alain Lotrian Olivier Arnoullet (2) Veuve Nicolas Chrestien Veuve Jean Bonfons Simon Calvarin Nicolas Bonfons Benoît Rigaud (2)
[fol.A3a][8] [fol.a3a] [fol.A3a] [fol.a3a] [fol.A3a] [fol.A3a] [fol.A3a] [fol.A3c] [fol.A5a]
Et quant le roy la vit descendit tantost de dessus son cheual et mist tost le pied a terre & courut embrasser sa fille & la baisa Et quant le roy la vit il mist tantost le pied a terre et courut embrasser sa fille & le (sic) baisa Et quant le roy la vit descendit tantost de dessus son cheual et mist tost le pied a terre & courut embrasser sa fille & la baisa Et quant le roy la vit il mist ta(n)tost le pied a terre et courut embrasser sa fille & le (sic) baisa Et quand le roy la vit descendre de dessus son cheual / il mist tost le pied a terre & courut embrasser sa fille et la baisa Et quant le Roy la vit il descendit incontinent de dessus son cheual / & la courut embrasser & baiser Et quand le Roy la vit il descendit incontinent de dessus son cheual / la courut embrasser & baiser Et quand le Roy la vit, il mit tantost le pied à terre, & courut embrasser sa fille, & la baisa Et quand le Roy la vit, il mit tantost le pied à terre, & courut embrasser sa fille, & la baise

Ici, les différentes leçons permettent de faire la distinction entre deux groupes d’éditions. Dans le premier groupe, contenant les éditions de la Veuve Jean Trepperel/Alain Lotrian/la Veuve Nicolas Chrestien/la Veuve Jean Bonfons/Simon Calvarin, on observe la proposition descendit tantost/incontinent de dessus son cheual, qui n’apparaît pas dans l’édition d’Olivier Arnoullet (1), et donc dans le groupe constitué des éditions d’Olivier Arnoullet/Nicolas Bonfons/Benoît Rigaud. Au sein du premier groupe, d’autres variantes interviennent : la leçon de la Veuve Nicolas Chrestien est fautive sur le plan narratif et, dans les éditions de la Veuve Jean Bonfons puis de Simon Calvarin, tantost est remplacé par incontinent et la proposition mist tost le pied a terre est supprimée. Afin de dater l’émergence d’une variante linguistique et d’attribuer à un atelier dirigé par un imprimeur-libraire la responsabilité de celle-ci, l’élucidation de la tradition est nécessaire. Des cas de variation comme celui exposé ci-dessus permettent déjà d’entrevoir les politiques éditoriales à l’œuvre dans les ateliers.

La présente étude s’attachera à révéler les différentes pratiques d’atelier concernant la langue des textes édités. La variation linguistique donne deux types d’informations, liées aux habitudes éditoriales et à l’évolution de la langue française. Quelques phénomènes syntaxiques relevés au moyen de la collation textuelle nous permettront ainsi d’observer le changement linguistique à travers, par exemple, différentes façons de placer les constituants les uns par rapport aux autres ou de délimiter leurs frontières. Afin de contextualiser les tendances linguistiques et de reconstruire les étapes d’un processus d’évolution, les grammaires et remarques du XVIe et, surtout, du XVIIe siècle seront convoquées. En effet, ces dernières permettent de déterminer plus précisément l’éventuel point d’aboutissement des mutations. Les variantes observées articuleront l’étude : il sera d’abord question de la construction de la préférence, puis de la place du sujet dans les déclaratives, de l’ordre des pronoms régimes, du marquage des complétives et, enfin, de la place des subordonnées relatives.

2 La construction de la préférence

La tradition imprimée de la BH nous offre un cas de variation pour la construction de la préférence en aimer mieux, locution formée du verbe aimer et de l’adverbe de comparaison mieux. Dans l’exemple ci-dessous, cette locution est construite avec deux entités. Le sujet évaluateur d’aimer mieux est le même que le sujet de la première entité (« l’entité privilégiée », Fuchs 2014, 117) et de la seconde. La construction oscille entre l’emploi du subjonctif dans les deux membres (1.1, 1.3 et 1.5), de l’infinitif (1.8 et 1.9) ou des deux modes (1.2, 1.4, 1.6, 1.7) :

Tableau 2
Veuve Jean Trepperel Olivier Arnoullet (1) Alain Lotrian Olivier Arnoullet (2) Veuve Nicolas Chrestien Veuve Jean Bonfons Simon Calvarin Nicolas Bonfons Benoît Rigaud (2)
1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 1.7 1.8 1.9
[fol.A3a] [fol.a3a] [fol.A3a] [fol.a3a] [fol.A3b] [fol.A3b] [fol.A3b] [fol.A3d] [fol.A5b]
iayme mieulx que ie moccie que ie attende le iour pour espouser ne pour coucher auec le pere qui mengendra iayme mieulx q(ue) ie me occie que de attendre le iour pour espouser ne pour coucher auec le pere qui menge(n)dra iayme mieulx que ie moccie que ie attende le iour pour espouser ne pour coucher auec le pere qui mengendra iayme mieulx q(ue) ie me occie que de atte(n)dre le iour pour espouser ne pour coucher auec le pere qui menge(n)dra iayme mieulx q(ue) ie me occie que ie attende le iour pour espouser ne pour coucher auec le pere qui mengendra iayme mieux moccire que iattende de iour en iour espouser / ne coucher auec le pere qui mengendra iayme mieux me tuer que ie attende le iour despouser / ne coucher auec le pere qui mengendra i’aime mieux m’occire moymesmes, que d’attendre le iour pour espouser, ny pour coucher auec le pere qui m’engendra i’aime mieux m’occire moy mesmes, que d’attendre le iour pour espouser, ny pour coucher auec le pere qui m’engendra

Il y a dans notre exemple une mise en rapport de disparité entre deux situations orientées négativement : s’occire ou se tuer et attendre pour espouser ne pour coucher avec [son] pere. La locution aimer mieux est suivie d’une entité avec un verbe au subjonctif dans les éditions 1.1 à 1.5, et le subjonctif est également employé dans la seconde entité en 1.1, 1.3 et 1.5, ce qui s’explique puisque le terme est considéré comme non atteint et les deux procès sont virtualisés. Certains de nos exemples se construisent avec deux groupes infinitifs (1.8 et 1.9), compléments en construction directe d’aimer mieux. L’emploi du mode impersonnel au présent ne pose pas de problème d’identification référentielle : le choix réfère entièrement au sujet évaluateur. Dans le premier membre de la comparaison, l’emploi du pronominal réflexif de première personne et de son renfort (me et moy mesmes) facilite l’identification du sujet. Dans le second membre, corrélé, le contrôleur est complètement effacé sur le plan grammatical, mais n’en reste pas moins accessible sur le plan référentiel. Les exemples en 1.2, 1.4, 1.6 et 1.7 témoignent d’un mélange entre la forme personnelle et la forme impersonnelle. La datation des éditions semblerait indiquer que l’on passerait, lorsqu’il y a identité référentielle entre les sujets du verbe évaluateur et des syntagmes verbaux des deux situations comparées, d’une construction de la préférence au subjonctif à une autre à l’infinitif.

En observant un texte bien plus ancien[9], Moignet relève une construction similaire (1976, 242) :

Mialz vuel qu’ainsi toz jorz me teingne

Que de nelui santez me veingne,

Se de la ne vient la santez

Dont est venue l’anfertez.(861–864)[10]

Nous traduisons : Je préfère que [le mal] me tienne ainsi tous les jours, plutôt que la guérison ne vienne de qui que soit, si elle n’a pas la même origine que le mal.

Ici, deux subjonctifs sont employés, teingne et veigne, mais un paramètre change : le sujet de vouloir (mieux) n’est pas le même que celui de tenir, qui n’est pas non plus le même que celui de venir. La traduction que nous proposons montre que, en français contemporain, ce type de tour avec trois procès dont les sujets diffèrent n’admet pas non plus la comparaison de groupes infinitifs mais celles d’entités avec des verbes au subjonctif.

D’une façon générale, s’il n’y a pas coréférence entre le sujet de la principale qui contient un verbe de préférence et celui des procès comparés, alors le subjonctif est employé dans au moins l’une des deux séquences en contraste. Il est possible de produire, avec deux groupes infinitifs :

J’aime mieux porter un bonnet plutôt que d’attraper froid.

Mais si le sujet d’aimer mieux n’est pas le même que celui des procès qui dépendent de cette locution, alors le subjonctif est utilisé, au moins dans le membre privilégié de la comparaison :

J’aime mieux que tu portes un bonnet plutôt que tu attrapes froid.

ou

J’aime mieux que tu portes un bonnet plutôt que d’attraper froid.

Dans l’exemple de la BH, on utiliserait aujourd’hui deux infinitifs : j’aime mieux mourir que d’attendre le jour où... On trouve un exemple similaire dans FRANTEXT dans La Sœur jalouse : qu’elle aimerait mieux mourir que d’épouser un tel homme (Sorel 1623, 41). La question qui est soulevée ici par le relevé des variantes est donc la suivante : depuis quand construit-on ces tours de comparaison « valuative » (Fuchs 2014, 108) avec l’infinitif plutôt que le subjonctif lorsque les procès qui dépendent du verbe régisseur sont en incidence à une même personne ?

L’interrogation de cette construction dans le Grand Corpus des Grammaires Françaises, des Remarques et des Traités sur la Langue (XIVe–XVIIe s.) (Colombat et al. 2011) n’amène que des résultats indirects. Nous n’avons rien trouvé dans les grammaires du XVIe siècle, et les remarqueurs et grammairiens du XVIIe siècle, s’ils abordent cette construction, en questionnent d’autres aspects : la présence, ou non, de la préposition de après le que qui introduit le deuxième terme de la construction de la préférence[11], la négation en non pas dans le deuxième terme de la comparaison valuative de groupes infinitifs[12] ou la différence entre aimer mieux et aimer plus[13]. Oudin ne donne qu’une règle générale pour la construction : mieux se met deuant vn infinitif (1640, 295). En effet, dans tous les exemples cités pour illustrer les règles liées à l’emploi de ce tour, l’infinitif est toujours employé : i’aimerois mieux mourir que de faire vne si meschante action (Chiflet 1659, 110) ou j’aime mieux dormir que manger (Vaugelas 1647, 530).

On peut ainsi émettre l’hypothèse que l’emploi de groupes infinitifs dans la construction de la préférence subjective en aimer que lorsque le sujet de cette locution est le même que celui des deux procès des entités comparées est répandu au XVIIe siècle. Le remplacement du subjonctif dans cette construction valuative a probablement commencé dans la deuxième moitié du XVIe siècle, comme nos variantes le suggèrent. L’analyse du tour dans la base FRANTEXT à partir du corpus « Préclassique » semble le confirmer. La recherche de la co-occurrence aimer + mieux (avec aimer lemmatisé) suivie de que amène 737 résultats. Une partie d’entre eux n’a pas été analysée, ne correspondant pas à la construction de la préférence avec comparaison symétrique de deux situations et coréférence de tous les sujets. L’emploi avec des infinitifs est très largement dominant, puisque seuls trois exemples proposent une construction alternative, tous issus par ailleurs de l’Astrée. Nous n’en citons qu’un, les trois exemples observant la même construction : mais j’ayme mieux mourir innocente, que si je vivois coulpable de vostre mort (1612, 230r). Un imparfait hypothétique, vivois, est employé dans une subordonnée en si. Le tour ne se trouve que dans l’Astrée, ce qui suggère sa rareté dans le corpus 1550–1649.

Les différentes leçons relevées au moyen de la collation des éditions de la BH nous permettent donc de pointer un cas de changement linguistique et nos recherches à partir de FRANTEXT et du Grand Corpus des Grammaires Françaises d’affiner l’analyse de la mouvance en constatant la disparition progressive à partir du milieu du XVIe siècle de l’une des variantes possibles pour l’expression de la préférence en aimer mieux.

3 La place du sujet dans les déclaratives

Les variantes linguistiques révélées grâce à la comparaison des témoins imprimés indiquent également que les constituants peuvent s’agencer différemment dans les phrases déclaratives qui présentent un élément initial. Dans les trois exemples suivants, l’élément en tête est un adverbe :

Tableau 3
Veuve Jean Trepperel Olivier Arnoullet (1) Alain Lotrian Olivier Arnoullet (2) Veuve Nicolas Chrestien Veuve Jean Bonfons Simon Calvarin Nicolas Bonfons Benoît Rigaud (2)
2.1 2.2 2.3 2.4 2.5 2.6 2.7 2.8 2.9
[fol.A2b] [fol.a3a] [fol.A2b] [fol.a3a] [fol.A2d] [fol.A2d] [fol.A2d] [fol.A3b] [fol.A5a]
Lors print le pape vne souppe en vi(n) auecq(ue)s le roy Lors pri(n)t le pape vne souppe en vin auecques le roy Lors print le pape vne soupe en vin auecques le roy Lors pri(n)t le pape vne soupe en vin auecques le roy Adonc print le Pape vne souppe en vin auecques le Roy : Lors le Pape print vne souppe de vin / auec le Roy / Lors le Pape print vne souppe de vin auec le Roy / Lors print le Pape vne souppe en vin auec le Roy, Lors print le Pape vne souppe en vin, auec le Roy,
3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.8 3.9
[fol.A2b] [fol.a3a] [fol.A2b] [fol.a3a] [fol.A2d] [fol.A2d] [fol.A2d] [fol.A3b] [fol.A5a]
Adonc fut le roy moult ioyeulx Et adonc fut le roy moult ioyeulx Ado(n)c fut le roy moylt ioyeulx Et ado(n)c fut le roy moult ioyeulx Adonc fut le Roy moult ioyeulx Adonc le Roy fut ioyeux / Adonc le Roy fut ioyeux / Et adonc le Roy fut bie(n) ioyeux, Et adonc le Roy fut bien ioyeux,
4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 4.7 4.8 4.9
[fol.A2b] [fol.a2b] [fol.A2b] [fol.a2b] [fol.A2c] [fol.A2c] [fol.A2c] [fol.A3a] [fol.A4a]
Adonc fut le roy fort dole(n)t Ado(n)c fut le roy moult doulent : Ado(n)c fut le roy fort dole(n)t Ado(n)c fut le roy moult doule(n)t / Adonc fut le Roy bien marry / Adonc le Roy fut dolent / Ado(n)c le Roy fut dole(n)t : Ado(n)c le Roy fut fort dolent, Adonc le Roy fut fort dolent,

En ancien français, lors, donc et adonc (qui constitue une variante de donc), ne sont presque jamais suivis de la séquence sujet + verbe, et leur présence entraîne parfois l’omission du sujet. La combinaison lors/donc/adonc + sujet + verbe commence à se développer entre le XIVe et le XVIe siècle (Combettes/Marchello-Nizia et al. 2020, 1207). L’inversion sujet nominal/verbe avec un adverbe en tête de phrase est encore assez courante au XVIe siècle (Gougenheim 1984, 254), mais devient archaïque au XVIIe siècle (Fournier 1998, 36), où l’ordre sujet + verbe, grammaticalement motivé, devient dominant (Prévost 2001, 10). La présence de l’élément et en tête de phrase dans 3.2, 3.4, 3.8 et 3.9 ne semble pas influencer les positions du sujet et du verbe (Combettes/Marchello-Nizia et al. 2020, 1210) : les deux éditions d’Olivier Arnoullet présentent dans nos trois exemples une inversion du sujet induite par la présence d’un adverbe en tête de phrase, alors que Nicolas Bonfons et Benoît Rigaud dans les exemples 3 et 4 choisissent l’ordre sujet + verbe qui finira par s’imposer. Seules les éditions de la Veuve Jean Bonfons et de Simon Calvarin présentent, dans les trois cas, l’ordre sans inversion adverbe + sujet + verbe, avec deux éléments en tête de phrase précédant le verbe (Prévost 2001, 11–12).

L’exemple suivant exige, peut-être, deux explications syntaxiques :

Tableau 4
Veuve Jean Trepperel Olivier Arnoullet (1) Alain Lotrian Olivier Arnoullet (2) Veuve Nicolas Chrestien Veuve Jean Bonfons Simon Calvarin Nicolas Bonfons Benoît Rigaud (2)
5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 5.6 5.7 5.8 5.9
[fol.A3a] [fol.a3a] [fol.A3a] [fol.a3a] [fol.A3b] [fol.A3a-b] [fol.A3a-b] [fol.A3c] [fol.A5b]
Lors furent lesdictes tables mises et se mist on a la table pour souper. Lors fure(n)t les tables mises et le (sic) mist on a table pour soupper : Lors furent lesdictes tables mises et se mist on a la table pour souper. lors fure(n)t les tables mises et le (sic) mist on a table pour soupper / Lors furent lesdictes tables mises : et se seist on a table pour soupper. Lors furent tables mises / & on se mist a la table pour souper. Lors furent les tables mises / & on se mist a la table pour souper. lors furent les tables mises, & se mit on à table pour souper, lors furent les tables mises, & se mit ont (sic) à table pour soupper,

L’on remarque d’emblée que toutes les éditions présentent une inversion verbe/sujet derrière l’élément adverbial lors thématique en tête de phrase. La postposition du sujet s’explique d’autant plus que le verbe mettre est employé au passif (Martin/Wilmet 1980, 281). Cela suggère, puisque même les éditeurs interventionnistes ont conservé la leçon, que la postposition du sujet nominal liée à la présence d’un adverbe à l’initiale ainsi qu’à d’autres facteurs, comme la passivité ou la transitivité du verbe, est encore répandue au XVIe siècle.

Quant à la deuxième proposition, une première interprétation serait de considérer un lors inexprimé, distribué en deuxième place dans la coordonnée et [lors] se mist on a table [...]. Dans ce cas, c’est l’adverbe qui conditionnerait la position des constituants et donc la postposition du sujet, ici pronominal, encore assez fréquente au XVIe siècle (Combettes/Marchello-Nizia et al. 2020, 1210).

Une autre analyse serait d’associer la postposition du sujet pronominal on, qui diffère du sujet de la proposition précédente, à la seule présence du coordonnant et à l’initiale de la proposition. La postposition du sujet pronominal derrière et se répand en moyen français (Combettes/Marchello-Nizia et al. 2020, 1209) et se maintient encore au XVIe siècle (Gougenheim 1984, 255). L’ordre et + verbe + sujet recule tout de même à partir de ce siècle, mais se maintient lorsqu’un verbe de surgissement est employé (Combettes/Marchello-Nizia et al. 2020, 1209). La présence de la locution se mettre à table, qui exprime un mouvement, permet ainsi d’expliquer la persistance de la séquence avec inversion du sujet pronominal dans les imprimés d’éditeurs de la fin du XVIe siècle souvent soucieux d’actualiser la langue de leur texte, comme Nicolas Bonfons et Benoît Rigaud. La variation linguistique dans l’exemple 5 témoigne ainsi d’un usage fluctuant en laissant poindre le remplacement de l’ordre et + verbe + sujet par et + sujet + verbe.

Pour analyser ces variantes, se référer à la structure informationnelle (Prévost 2001) ne semble pas offrir d’explication satisfaisante dans la mesure où les interventions vont, dans le sens de l’évolution du français, vers une organisation grammaticale.

L’exemple 6 témoigne encore de variation dans l’ordre des constituants, mais aussi dans l’expression du sujet pronominal. La proposition qui nous intéresse, sujette aux manipulations linguistiques, est introduite par la conjonction de coordination car :

Tableau 5
Veuve Jean Trepperel Olivier Arnoullet (1) Alain Lotrian Olivier Arnoullet (2) Veuve Nicolas Chrestien Veuve Jean Bonfons Simon Calvarin Nicolas Bonfons Benoît Rigaud (2)
6.1 6.2 6.3 6.4 6.5 6.6 6.7 6.8 6.9
[fol.A3a] [fol.a3b] [fol.A3a] [fol.a3b] [fol.A3b] [fol.A3b] [fol.A3b] [fol.A3d] [fol.A6a]
Amye dist helaine faitz de moy ce que il te plaist / car icy ie ne vueil plus demourer. Amye dist helayne fays de moy ce q(ui)l te plaist car icy ne vueil ie plus demourer. Amye dist helaine faitz de moy ce quil te plaist / Car icy ie ne vueil plus demourer. Amye dist helayne fays de moy ce q(ui)l te plaist car icy ne vueil ie plus demourer. Amye dist helaine faitz de moy ce quil te plaist : car icy ne vueil plus demourer. Amye / dist Helaine / fais de moy ce quil te plaira : car ie ne vueil plus icy demourer. Amye / dist Helaine / fais de moy ce quil te plaira : car ie ne vueil plus icy demourer. Amie dit Heleine, fay de moy ce qu’il te plaira, car ie ne veux plus demourer icy. Amie dit Heleine, fay de moy ce qu’il te plaira, car ie ne veux plus demourer icy.

En ancien français, la conjonction car est déjà très souvent suivie de la séquence sujet + verbe (Combettes/Marchello-Nizia et al. 2020, 1211). Dans notre exemple, un autre élément, adverbial, suit la conjonction dans les exemples de 6.1 à 6.5 et conditionne l’ordre des constituants à sa suite (Combettes/Marchello-Nizia et al. 2020, 1214). Après un adverbe de lieu, ici déictique, la combinaison sujet + verbe est fréquente au XVIe siècle, ce qui explique qu’on la retrouve en 6.1 et 6.3. Les éditions d’Olivier Arnoullet (1) et de la Veuve Jean Trepperel ayant été confectionnées indépendamment l’une de l’autre (mais probablement à partir du même modèle, Ferrari 2004, 117), on pourrait vouloir attribuer à l’un des compagnons de l’atelier de la Veuve Trepperel la responsabilité de la variante. Il est possible d’envisager, aussi, que les modifications n’aillent pas toujours dans le sens de l’évolution de la langue et que le pronom ie ait été postposé en établissant le texte de l’édition d’Olivier Arnoullet, selon un usage plus ancien. L’édition de la Veuve Nicolas Chrestien nous offre une troisième variante avec une omission du sujet pronominal, largement dominante dans la langue ancienne. Cette intervention va à rebours de l’évolution et témoigne donc d’un changement linguistique non abouti. Dans les quatre dernières éditions, représentantes de deux familles distinctes d’imprimés, l’hésitation quant à la place ou à l’expression du sujet n’est plus possible, car l’adverbe icy a été déplacé ailleurs dans la proposition (avant ou après demourer). Ces retouches témoignent probablement d’une insatisfaction à l’égard des leçons des éditions qui ont servi de modèles, qu’il s’agisse de l’ordre des constituants dans une proposition avec deux éléments en tête de phrase ou précisément de la place de l’adverbe icy après la conjonction car.

Les commentaires de Maupas concernant l’ordre des mots dans la deuxième édition de sa grammaire indiquent que la postposition du sujet est encore fréquente au XVIIe siècle, quand la période commence par un adverbe, conjonction, ou autre partie indeclinable. Il assortit son commentaire d’un exemple, qui présente lors à l’initiale : Lors se leua Monsieur le President (1618, 127b). Il évoque également le cas de la postposition du pronom on après la conjonction et (cf. 5) conjoigna(n)t quelque apprendice à un propos precedent, en illustrant sa remarque de l’exemple suivant : Le Roy se porte bien, & dit-on qu’il viendra bien tost icy (1618, 62b).

Les exemples analysés dans cette partie montrent ainsi une évolution en cours de l’ordre des constituants et la diversité des choix linguistiques des imprimeurs du XVIe siècle. Si, prises dans leur globalité, les modifications successives nous indiquent la direction du changement, certaines interventions peuvent prendre le chemin inverse (6.5). L’inversion du sujet ou la non-expression du sujet pronominal semblent ainsi se faire de plus en plus rares, mais certains paramètres linguistiques, qui les rendaient presque systématiques dans l’ancienne langue, perpétuent leur acceptabilité (2.8, 2.9, 5.8, 5.9).

4 L’ordre des pronoms régimes

La « permutation » des pronoms régimes antéposés au verbe dans les associations entre pronoms de troisième personne représentants et pronoms de l’interlocution (Zink 1997, 240–244) a également retenu notre attention :

Tableau 6
Veuve Jean Trepperel Olivier Arnoullet (1) Alain Lotrian Olivier Arnoullet (2) Veuve Nicolas Chrestien Veuve Jean Bonfons Simon Calvarin Nicolas Bonfons Benoît Rigaud (2)
7.1 7.2 7.3 7.4 7.5 7.6 7.7 7.8 7.9
[fol.A2a] [fol.a2a] [fol.A2a] [fol.a2a] [fol.A2a] [fol.A2a] [fol.A2a] [fol.A2c] [fol.A3a]
et ie ne vueil aultre don pour ma peine et se vous le me accordez ie vous dy bien q(ue) ie men yray sans vous aider ainsi comme ie suis venu. & ie ne vueil aultre do(n) pour ma peine : & se vo(us) ne le me accordez ie vous dis bie(n) q(ue) me(n) iray sa(n)s vo(us) ayder ainsi co(m)me ie suis icy venu. et ie ne vueil autre don pour ma peine et se vous le me acordez ie vous dy bien que ie men iray sans vo(us) aider ainsi comme ie suis venu. & ie ne vueil autre do(n) pour ma peine / & se vo(us) ne le me accordez ie vo(us) dis bie(n) q(ue) me(n) iray sa(n)s vo(us) ayder ainsi co(m)e ie suis icy venu. & ie ne vueil autre don pour ma peinei (sic) & se vous ne | laccorderez ie vous dy bien que ie men yray sans vous point ayder ainsi comme ie suis venu |. & ie ne vueil autre chose pour ma peine / & si vous ne me laccordez / ie men retourneray sans vous ayder : / & ie ne vueil autre chose pour ma peine / & si vous ne me laccordez / ie men retourneray sans vous ayder. & ie ne vueil autre chose pour ma peine, & si vous ne le me accordez, ie vous dis, que m’en iray sans vous aider, ainsi comme ie suis venu. & ie ne veux autre chose pour ma peine, & si vous ne le m’accordez, ie vous dis que m’en iray sans vous ayder, ainsi comme ie suis icy venu.

Dans cet exemple, les variantes suivent la filiation éditoriale (Ferrari 2004, 117) : le ne de négation oublié dans la branche issue de l’édition de la Veuve Jean Trepperel n’est rétabli qu’à partir des éditions de la Veuve Nicolas Chrestien et de la Veuve Jean Bonfons, devant les objets pronominaux. Dans l’édition de la Veuve Nicolas Chrestien, en sus, le pronom régime indirect n’apparaît plus. On peut imaginer que le modèle linguistique de l’édition d’Alain Lotrian n’a pas paru satisfaisant à celui qui préparait le texte dans l’atelier de la Veuve Nicolas Chrestien, qui a préféré l’ellipse du pronom indirect à la séquence pronom direct + pronom indirect. Dans l’édition de la Veuve Jean Bonfons, on constate l’interversion des pronoms qui apparaissent selon l’ordre moderne, avec un pronom régime indirect placé devant pronom direct. Dans la branche issue de la première édition d’Olivier Arnoullet, la leçon reste la même, avec la suite ne + le + me.

Plusieurs facteurs, qui évoluent probablement au fil du temps, président à ce changement qui se répand aux XVe et XVIe siècles pour aboutir au XVIIe siècle (De Kok 1985, 386–395 ; Zink 1997, 240–242). La conservation de la séquence linguistique le + me dans les éditions de Nicolas Bonfons et Benoît Rigaud nous indique que l’ordre pronom régime direct + pronom régime indirect se maintient encore à la fin du XVIe siècle. L’exemple suivant, qui présente la colocation d’un régime indirect de deuxième personne et d’un autre régime direct de troisième personne, amène au même constat :

Tableau 7
Veuve Jean Trepperel Olivier Arnoullet (1) Alain Lotrian Olivier Arnoullet (2) Veuve Nicolas Chrestien Veuve Jean Bonfons Simon Calvarin Nicolas Bonfons Benoît Rigaud (2)
8.1 8.2 8.3 8.4 8.5 8.6 8.7 8.8 8.9
[fol.A2a] [fol.a2a] [fol.A2a] [fol.a2a] [fol.A2a] [fol.A2a] [fol.A2a] [fol.A2c] [fol.A3a]
Quant le pape louit il dist vrayement ie vous loctroye Qua(n)t le pape louyt il dist vrayeme(n)t ie le vous octroye. Quant le pape louit il deist vrayement ie vo(us) loctroye Qua(n)t le pape louyt il dist vrayeme(n)t ie le vous octroye. Quand | le Pape louyt il dit ie vous loctroye : Quand le Hape (sic) lentendit / il dist / Vrayement ie vous loctroye / Quand le Pape lentendit / il dist : Vrayement ie vous loctroye / Quand le Pape l’ouyt, il dit, vrayement ie le vous ottroye. Quand le Pape l’ouyt, il dit, vrayement ie le vous ottroye.

Les éditions de la branche issue de la première édition d’Olivier Arnoullet présentent la variante avec un pronom indirect de deuxième personne qui suit le pronom direct de troisième personne. En revanche, dès l’édition de la Veuve Jean Trepperel, qui est probablement la plus ancienne de notre corpus, et dans toutes celles qui ont été faites à partir de cette dernière, on observe l’ordre vous indirect + le direct, signe que le pronom direct de troisième personne « tend à se rapprocher du verbe » (Buridant 2019, 665). Toutefois, « le XVIe siècle, comme le moyen âge, préfère encore souvent l’ordre inverse » (Gougenheim 1984, 71), ce qui explique que les deux branches de la tradition imprimée fassent apparaître deux variantes linguistiques, toutes les deux disponibles et employées par les locuteurs et scripteurs de l’époque. L’ordre pronom direct/pronom indirect est, par exemple, celui choisi par Meigret dans les formules de renvoi à son propre discours dans sa grammaire : comme je le vous ey aotre part allegé (1550, 44 v, cf. aussi 12 v, 52v–53r, 94 v, etc.) Dans d’autres cas, il arrive que la variation soit observable au sein d’une portion de texte restreinte, comme dans ces exemples en français forgés par Palsgrave dans sa table des verbes : et ie vous le deseruiray, or ie le vous guerdonneray (1530, 209v), ou Si je vis ie vous laquiteray, or ie le vous re(n)dray (151v).

Le changement est ainsi en cours au XVIe siècle, et ce n’est qu’après 1620 que l’une des variantes prendra vraiment le pas sur l’autre (Fournier 1998, 79). À ce propos, Maupas écrit que les pronoms indirects de première et deuxième personne peuvent estre placez indifferemment devant ou apres un pronom direct de troisième personne (1618, 65r). Plus tard, au milieu du XVIIe siècle, Vaugelas (appuyé plus tard par Ménage 1675, 497) recommande vivement d’employer l’ordre indirect/direct en cas de cumul des clitiques : il faut dire, ie vous le promets, & non pas, ie le vous promets, comme le disent tous les anciens Escruivains, & plusieurs modernes encore (Vaugelas 1647, 33–34). Néanmoins, son conseil est discuté (Dupleix 1651, 310, qui cite La Mothe Le Vayer 1669, 495), ce qui indique que la variante avec l’ordre pronom direct/pronom indirect circule encore au XVIIe siècle.

5 L’introduction des subordonnées complétives

Depuis l’ancien français, lorsqu’une subordonnée complétive est séparée de son verbe régisseur par une proposition circonstancielle, on peut observer une répétition du morphème démarcateur de complétive que (Moignet 1976, 339 ; Ménard 1988, 206). Cette redondance, qui témoigne d’une « souplesse de construction » encore remarquable en moyen français (Martin/Wilmet 1980, 227), est également observable dans notre corpus :

Tableau 8
Veuve Jean Trepperel Olivier Arnoullet (1) Alain Lotrian Olivier Arnoullet (2) Veuve Nicolas Chrestien Veuve Jean Bonfons Simon Calvarin Nicolas Bonfons Benoît Rigaud (2)
9.1 9.2 9.3 9.4 9.5 9.6 9.7 9.8 9.9
[fol.A2a] [fol.a2a] [fol.A2a] [fol.a2a] [fol.A2a] [fol.A2a] [fol.A2a] [fol.A2c] [fol.A3a]
& iura q(ue) quant il seroit hors de romme q(ue) ia ny rentreroit tant q(ue) les sarrazi(n)s fussent mors et iura q(ue) qua(n)t il seroit hors de ro(m)me q(ue) iamais ny re(n)treroit ta(n)t q(ue) les sarrazins fussent mors et iura que quant il seroit hors de ro(m)me que ia ny rentreroit ta(n)t que les sarrazins fussent mors & iura q(ue) qua(n)t il seroit hors de ro(m)me q(ue) iamais ny re(n)treroit ta(n)t q(ue) les sarrazins fussent mors & iura q(ue) quand il seroit hors de Ro(m)me que ia ny entreroit que les Sarrazins ne fussent mors: & iura que quant il seroit hors de Rome / que ia ny rentreroit tant que les Sarrazins fussent mors & iura que quand il seroit hors de Rome / que ia ny rentreroit tant que les Sarrazins fussent mortz & iura, que quand il seroit hors de Rome, iamais n’y rentreroit, tant que les Sarrazins fussent morts, & iura que quand il seroit hors de Rome, iamais n’y rentreroit, tant que les Sarrazins fussent mort,

Dans les exemples de 9.1 à 9.7, le premier que est directement lié au verbe jurer et marque la dépendance d’un objet à venir. Le second marque la véritable frontière à gauche de la complétive objet de jurer. Entre les deux marqueurs s’est intercalée une circonstancielle, quand il seroit hors de Rome, qui motive la réexpression de la conjonction. Dans les éditions de Benoît Rigaud et de Nicolas Bonfons, la deuxième conjonction est supprimée et la frontière de la circonstancielle marquée à droite par une virgule. Le marquage a également été introduit dans l’édition sortie des presses de la Veuve Bonfons et, par conséquent, dans celle de Simon Calvarin (présence d’une barre oblique), mais seules les deux conjonctions que encadraient la subordonnée circonstancielle dans les autres imprimés (9.1 à 9.5). Dans les éditions associées au changement linguistique, on observe ainsi une volonté de marquer typographiquement les frontières syntaxiques entre les constituants (de 9.6 à 9.9) et une intolérance plus grande envers la reprise de que (9.8 et 9.9). Au XVIIe siècle, Vaugelas conseille d’éviter la répétition de la conjonction seule. Il ajoute que, si la complétive objet est trop loin du verbe recteur, alors il est possible, mais non nécessaire, de réexprimer la conjonction, à condition que le verbe recteur soit lui aussi répété (1647, 465–466).

Cette variante confirme ainsi les hypothèses qui se dessinent au fil de notre analyse : les cas de changements linguistiques se multiplient dans la deuxième moitié du XVIe siècle. Amorcés, probablement, depuis plusieurs décennies, ils s’accélèrent dans le dernier quart du siècle, où les choix des imprimeurs suggèrent la nécessité de retoucher la langue.

6 La place des subordonnées relatives

Un dernier exemple de variation syntaxique retient notre attention, concernant la place des propositions subordonnées relatives. Ci-dessous, il est ainsi question d’une relative introduite par qui, représentant le sujet les sarrazins :

Tableau 9
Veuve Jean Trepperel Olivier Arnoullet (1) Alain Lotrian Olivier Arnoullet (2) Veuve Nicolas Chrestien Veuve Jean Bonfons Simon Calvarin Nicolas Bonfons Benoît Rigaud (2)
10.1 10.2 10.3 10.4 10.5 10.6 10.7 10.8 10.9
[fol.A2a] [fol.a2a-b] [fol.A2a] [fol.a2a-b] [fol.A2a] [fol.A2a] [fol.A2a] [fol.A2c] [fol.A3b]
Et les sarrazins estoyent logez deuant romme qui veoyent rommains yssir et cryerent a larme et se rengerent puissamment & les sarrazins estoient logez deuant ro(m)me qui veoyent rommains yssir et crierent a larme et se rengerent puissamment et les sarrazins estoyent logez deuant romme qui veoyent rommains yssir & crierent a larme et se rengerent puissamme(n)t & les sarrazins estoient logez deuant ro(m)me qui veoyent rommains yssir et criere(n)t a larme et se rengerent puissamment & les sarrazins estoie(n)t logez deuant Romme qui veoie(n)t Romains yssir : lors crierent alarme et se rengerent bien puissamment : Et quand les Sarrazins / qui estoyent logez deuant Rome / virent yssir les Romains / ilz criere(n)t alarme / & se rengerent : Et quand les Sarrazins qui estoient logez deuant Rome / virent yssir les Romains / ilz criere(n)t alarme / & se rengerent : & les Sarrazins estoient logez deuant Rome, qui voyoient les Romains sortir, & crier l’alarme, & se rengerent puissamment, & les Sarrazins estoie(n)t logez deuant Rome, qui voyoient les Romains sortir, & crier l’alarme, & se rengerent puissamment,

Parmi toutes les variantes, seules deux d’entre elles, celle de l’édition de la Veuve Jean Bonfons et celle qui la suit, de Simon Calvarin, témoignent d’un remaniement qui a fait disparaître la relative séparée de son antécédent, qui veoyent (les) rommains yssir/sortir. La disjonction entre une relative et son antécédent était répandue dans l’ancienne langue, « typiquement à verbe second » (Buridant 2019, 858). Dans les variantes ci-dessus, à l’exception de 10.6 et 10.7, la relative est l’expansion du syntagme nominal sujet, les sarrazins, et elle en est séparée par le syntagme verbal. Ainsi, elle prend « la valeur d’un ajout en fin d’énoncé » et le pronom relatif anaphorique du syntagme nominal joue « un rôle très proche de celui d’un relatif de liaison » (Combettes/Marchello-Nizia et al. 2020, 1450)[14]. Ce dernier pourrait être remplacé par la conjonction et suivi du pronom représentant ils, et la subordonnée pourrait s’assimiler à « une relative de postérité » (Rothenberg 1972, 208 ; cf. aussi Sandfeld 1977, 234[15]). La relative ne semble en effet pas être déplaçable, comme peuvent l’être parfois les relatives descriptives. Ainsi, elle est proche de ce que Lorian appelle une relative « rallonge » (1973, 228–229).

Dans l’édition de la Veuve Nicolas Chrestien, la relative est marquée à droite par l’usage des deux points, frontière encore renforcée par la présence de lors en tête de la proposition qui suit. La relative est donc bien délimitée, qui veoie(n)t Romains yssir : (10.5) dans cette édition, et les actions des différentes propositions se succèdent les unes aux autres, sans ambiguïté référentielle.

Dans les éditions de Nicolas Bonfons et de Benoît Rigaud, le premier membre de la relative est délimité par deux virgules, qui voyoient les Romains sortir. La coordination des verbes à l’infinitif, sortir, & crier l’alarme (alors que le verbe qui suit, se renger, est au passé simple) invite, ensuite, dans une construction à prédicat second, à les interpréter tous les deux comme des objets directs de veoir. La proposition relative serait donc qui voyoient les Romains sortir, & crier l’alarme, et le relief grammatical créé par le changement de mode permettrait de comprendre que le procès de se renger puissamment est lié au syntagme nominal sujet de la première proposition, les Sarrazins, non réexprimé, et non plus aux Romains, sujet de la prédication seconde (double : sortir et crier l’alarme) à l’intérieur de la relative. La présence d’une relative séparée de son antécédent ainsi que d’une succession de procès sans réexpression des sujets nominaux dans les éditions d’Olivier Arnoullet, qui ont vraisemblablement servi de modèles à celles de Benoît Rigaud et de Nicolas Bonfons, a donc conduit à cette variante qui n’est plus seulement morphologique et syntaxique mais aussi sémantique : ce ne sont plus les Sarrazins qui crient l’alarme, mais les Romains.

Les ambiguïtés interprétatives liées à l’éloignement de cette relative sont dissipées dans les éditions de la Veuve Jean Bonfons et de Simon Calvarin au moyen d’une reformulation : la relative n’est plus la même et se retrouve conjointe à son antécédent dans une subordonnée introduite par quand qui permet de rendre concomitants les procès, d’une part, de voir yssir les Romains, d’une autre, de crier alarme et de se renger. L’interprétation référentielle ne laisse plus aucun doute : le sujet de tous ces verbes doit être les Sarrazins (ilz). Le syntagme les Romains ne peut qu’être le sujet d’yssir, l’infinitif et le syntagme nominal constituant ensemble deux compléments directs du verbe de perception voir. L’emploi d’une relative avec un verbe à l’imparfait et à la voix passive accentue l’aspect duratif et étire le procès d’estre logez deuant Rome, ce qui renforce l’effet de rupture et de surgissement lié à l’emploi du passé simple pour les autres procès. Conséquemment, dans ces deux éditions, la relative devient explicative, d’arrière-plan, et semble pouvoir être supprimée.

L’éloignement entre la relative et son antécédent s’accompagne en sus dans notre exemple d’un flou référentiel lié à la présence d’un syntagme nominal entre le référent et le pronom relatif anaphorique : Rome, inséré dans le syntagme prépositionnel devant Rome. Vaugelas (1647, 115–116 et 585–586) et Chiflet préconisent dans ces cas d’employer l’une des formes du relatif lequel, autrement on penseroit qu’il [le relatif] se rapportast au [nom] plus proche, auquel de sa nature il a coustume de se rapporter ; ce qui causeroit de l’equiuoque, ou de l’obscurité (Chiflet 1659, 50). Dans Le Bon usage, Grevisse et Goosse formulent le même conseil[16]. Ils citent toutefois un exemple, qui a retenu notre attention pour sa ressemblance avec la leçon que nous étudions ici : Le comte était de l’autre côté de la rue, qui surveillait la porte (Bourget, Disciple, VI[17]). Les deux grammairiens précisent tout de même que l’extrait « ne peut être érigé en modèle » (2008, 1435). Si l’exemple n’est pas un « modèle », il existe bel et bien. En analysant un exemple similaire, Pierre est là qui vous attend, Rothenberg évoque un lien syntaxique fort entre le verbe exprimant « une position dans l’espace » et sa « détermination obligatoire de lieu » (1972, 180 ; cf. aussi Sandfeld 1977, 142 pour d’autres exemples). La possible disjonction entre un antécédent et la relative qui lui est liée dépendrait donc, au moins partiellement, du sens et de la construction du verbe de la principale. L’explication semble être valable pour notre extrait et pour tous les exemples cités ci-dessus, dans lesquels un verbe devenu locatif se construit avec un complément adverbial ou prépositionnel. Ainsi, le cas de variation sur lequel nous venons de nous pencher tient peut-être plus de la préférence linguistique et des choix d’un correcteur, tourné vers la clarté référentielle, que de l’évolution de la langue. Cela n’invalide pas l’hypothèse selon laquelle la fréquence de la construction, répandue dans la langue ancienne puis condamnée par les grammairiens et remarqueurs, aurait pu diminuer progressivement depuis le XVIe siècle, mais il faudrait l’éprouver sur de grands corpus.

7 Conclusions

Cette étude confirme l’intérêt des corpus de rééditions d’époque et du relevé des variantes textuelles pour l’étude de l’évolution de la langue. La comparaison de tous les résultats apporte plusieurs informations. D’abord, ce sont les variantes relevées dans les éditions de la deuxième partie du siècle qui prennent, la plupart du temps, la direction de l’évolution de la langue. Cela tendrait à confirmer l’hypothèse d’un changement linguistique global au milieu du XVIe siècle. Certaines variantes linguistiques présentes dans les éditions révisées semblent obéir à des tendances générales de découpage syntaxique qui prend appui sur la ponctuation ; elles sont ainsi liées à l’évolution de la typographie.

En observant les résultats de plus près, on s’aperçoit en fait que l’édition de la Veuve Nicolas Chrestien, préparée vers 1557–1558, qui fait pourtant montre de modifications textuelles, et donc d’une certaine attention au texte, ne présente jamais la variante linguistique « novatrice ». Cela peut signifier que, pour les faits étudiés dans cette étude, le changement ne serait à cette date qu’à peine amorcé. L’édition est, en effet, un peu antérieure aux quatre dernières. Il est également possible d’émettre l’hypothèse, plus probable, que les choix linguistiques sont propres aux ateliers et suivent des directives particulières.

C’est en ce sens que les imprimeurs et les compagnons d’imprimerie contribuent à l’évolution de la langue. Sans revendiquer leurs interventions dans le paratexte, ils sélectionnent une variante linguistique plutôt qu’une autre ou modifient la langue de textes qui n’ont pourtant été imprimés que quelques années plus tôt, peut-être pour en faciliter la réception. Nul doute, alors, que leurs choix contribuent à accélérer le phénomène de changement linguistique.

Une fois les phénomènes évolutifs de la langue rendus saillants grâce à la collation, la consultation des grammaires et remarques du XVIe et du XVIIe siècle nous a permis d’affiner leur étude et leur datation. Pour les éléments analysés, c’est surtout dans les textes du XVIIe siècle que nous avons trouvé des commentaires métalinguistiques éclairants. Ces remarques font état de la même variance mise en lumière par la comparaison des éditions et condamnent une des deux variantes, le plus souvent celle amenée à disparaître. C’est ainsi le signe que le changement des faits linguistiques étudiés est encore en cours au siècle suivant et que la collation a permis de déceler l’amorce de l’évolution.

Enfin, cette étude ne nous a pas permis de relier directement les choix éditoriaux concernant la langue à ceux concernant l’aspect des éditions (caractères, taille des imprimés, signes typographiques etc.). Les uns et les autres semblent plutôt liés à des pratiques d’atelier. Les deux groupes d’éditions qui présentent le plus d’innovations linguistiques, à savoir d’une part celui de la Veuve Jean Bonfons et Simon Calvarin, d’autre part celui de Benoît Rigaud et Nicolas Bonfons, se distinguent notamment par l’emploi de leurs caractères (gothiques pour le premier, romains et italiques pour le second), le choix des bois à l’initiale du roman (scène de mariage ou représentant un couple pour le premier, scène de bataille ou signalant le début d’une itinérance pour le second) et l’organisation du frontispice et du texte introductif précédant le premier chapitre. Il n’y a, ainsi, pas de lien direct entre, par exemple, le choix de caractères romains et une tendance à l’innovation linguistique. La matérialité et la langue d’une œuvre imprimée dépendent donc à la fois du modèle à partir duquel une édition est préparée et des habitudes éditoriales d’un atelier qui développe ses propres stratégies de vente.

Ainsi, l’étude des variantes amène des résultats qui dépassent le cadre philologique de leur émergence : elles renseignent à la fois sur la langue du XVIe siècle et son évolution ainsi que sur la réception des œuvres imprimées. À l’origine de ces variantes, les compagnons d’imprimerie, dans l’ombre de leur atelier, façonnent la langue française.


Supported by

This project has received funding from the European Union’s Horizon 2020 research and innovation programme under the Marie Skłodowska-Curie grant agreement No 801505.


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8 Bibliographie

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Published Online: 2022-12-09
Published in Print: 2022-12-08

© 2022 Walter de Gruyter GmbH, Berlin/Boston

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Artikel in diesem Heft

  1. Frontmatter
  2. Frontmatter
  3. Thematischer Teil
  4. Prefazione
  5. Aspetti testuali e problemi linguistici (di datazione e localizzazione) dell’antica lingua del cibo
  6. I ricettari federiciani: appunti di lavoro
  7. Aggiornamenti sulla lingua dei Banchetti di Cristoforo Messi Sbugo
  8. Il ricettario della Santissima Annunziata di Firenze
  9. Il cuoco reale e cittadino (1724): un ricettario tradotto e integrato
  10. Ricettari regionali e lessico gastronomico napoletano d’età borbonica
  11. La cucina delle parole
  12. Aufsatz
  13. Zur Subversion des höfischen Liebesdiskurses: Christine de Pizans Cent Ballades d’amant et de dame (1409–1410) zwischen Erotik, Misogynie und marienhafter Selbstinszenierung
  14. Variantes d’éditeurs et évolution syntaxique au XVIe siècle
  15. De la V1 à la V2 de la Cité des dames de Christine de Pizan : étude de quelques révisions linguistiques
  16. The Latin adverb ĭnde and the syntactic functions of the pronoun en from Archaic Catalan to Modern Valencian: Grammaticalisation and linguistic change
  17. Miszellen
  18. Fr. pochard adj./s.m. ‘ivrogne’ : étymologie et histoire
  19. « Mon cors stracoruza » : une note lexicale franco-italienne
  20. It. mosciame ‘filetto di tonno essiccato e salatoʼ
  21. Besprechungen
  22. Eugenio Coseriu, Geschichte der romanischen Sprachwissenschaft, vol. 3: Das 17. und 18. Jahrhundert, Teil 1: Italien – Spanien – Portugal – Katalonien – Frankreich, bearbeitet und herausgegeben von Wolf Dietrich, Tübingen, Narr Francke Attempto, 2021, 660 S.
  23. Sabine Lange-Mauriège, Die Pilgerfahrt des träumenden Mönchs. Entstehungsgeschichte und kulturhistorische Verortung der Kölner Übersetzung des «Pèlerinage de vie humaine», Köln, Erzbischöfliche Diözesan- und Dombibliothek mit Bibliothek St. Albertus Magnus, 2021, XIV + 421 p.
  24. Claude Buridant, Grammaire du français médiéval (XIe–XIVe siècles), Strasbourg, Société de Linguistique Romane / ELiPhi, 2019, XXIV + 1173 p.
  25. Thibaut Radomme, Le Privilège des Livres. Bilinguisme et concurrence culturelle dans le « Roman de Fauvel » remanié et dans les gloses au premier livre de l’« Ovide moralisé » (Publications Romanes et Françaises), Genève, Droz, 2021, 903 p.
  26. Vincent Balnat, L’appellativisation du prénom. Étude contrastive allemand-français, Tübingen, Narr/Francke/Attempto, 2018, XI + 286 p.
  27. Antje Lobin / Eva-Tabea Meinke (edd.), Handbuch Italienisch. Sprache – Literatur – Kultur. Für Studium und Praxis, Berlin, Erich Schmidt Verlag, 2021, XIV + 691 p.
  28. Nuove prospettive sul lombardo antico. Atti del convegno internazionale, Roma, 14–15 novembre 2019, a cura di Elisa De Roberto e Raymund Wilhelm. Con la collaborazione di Lisa Struckl, Heidelberg, Universitätsverlag Winter, 2022, 200 p.
  29. Kurzbesprechungen
  30. Eugenio Coseriu, Geschichte der romanischen Sprachwissenschaft, vol. 4: Das 17. und 18. Jahrhundert, Teil 2: «Provenzalisch» – Rumänisch – Rätoromanisch – England – Deutschland – historisch-vergleichende Romanistik – Raynouard – Schlegel, bearbeitet und herausgegeben von Wolf Dietrich, Tübingen, Narr Francke Attempto, 2022, 310 S.
  31. Kurzbesprechungen
  32. Peter Haidu, The “Philomena” of Chrétien the Jew. The semiotics of evil, edited by Matilda Tomaryn Bruckner, Oxford, Legenda, 2020, 170 p.
  33. Francisco Pedro Pla Colomer / Santiago Vicente Llavata, La materia de Troya en la Edad Media hispánica. Historia textual y codificación fraseológica, Madrid/Frankfurt am Main, Iberoamericana-Vervuert, 2020, 278 p.
  34. L’«Inferno» di Claudio Sacchi, Firenze, Olschki, 2021, 87 p.
  35. «Nel lago del cor». Letture dantesche all’Università della Svizzera italiana (2012–2016), a cura di Stefano Prandi, Firenze, Olschki, 2021, 273 p.
  36. Karlheinz Stierle, Dante-Studien, Heidelberg, Winter, 2021, 295 p.
  37. Matteo Maria Boiardo, Asino d’oro (da Apuleio), a cura di Matteo Favaretto, Novara, Centro Studi Matteo Maria Boiardo-Interlinea, 2021
  38. Tiziana Plebani (ed.), Il testamento di Marco Polo. Il documento, la storia, il contesto, Milano, Edizioni Unicopli, 2019, 201 p.
  39. Nachruf
  40. Christian Schmitt (27. März 1944–4. September 2022)
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