Volume 12, Issue 1

Israel Kirzner’s concept of “alertness” is recast in the language of phenomenological psychology. Our ideas about things are either openended ideas posing no particular problem of choice, “open possibilities”, or alternatives to choose between, “problematic possibilities”. Choice is the process of formulating problematic possibilities; it is the process of reinterpreting one’s situation. The fully formed reinterpretation generates the chosen outcome as a necessary consequence of preferences and perceived constraints. Reinterpretation precedes choice, both logically and temporally. This understanding of alertness helps to clarify Austrian ideas such as the idea that preferences do not exist apart from action.Le concept de “vigilance” d’Israel Kirzner est reformulé dans le langage de la psychologie phéno- ménologique. Nos idées à propos des choses sont souvent des idées à finalité ouverte ne soulevant pas de problème particulier de choix, “des possibilités ouvertes”, ou des alternatives de choix entre des “possibilités problématiques”. Le choix est un processus de formulation de possibilités problématiques ; c’est le processus consistant à réinterpréter nos propres situations. Dans sa formulation ultime, la réinterprétation génère le résultat choisi comme conséquence nécessaire des préférences et des contraintes perçues. La réinterprétation précède le choix, et logiquement et temporellement. Cette compréhension de la vigilance aide à clarifier les idées Autrichiennes telle que l’idée selon laquelle les préférences n’existent pas indépendamment de l’action.

Knowledge consists of the triad: information, interpretation, and judgement. Much of modern political economy has miscarried by proceeding as though knowledge were merely “information” that is, as though interpretation were symmetric and final. Economic prosperity depends greatly on new knowledge or “discovery” of profit opportunities that translate into social betterment. These discoveries are often a transcending of the working interpretation, not merely the acquisition of new information. The evolution of interpretations is key to appreciating voluntarism as a maxim for policy. Smith, Hayek, and Kirzner taught that bad public policy is partly the result of not knowing better, not of evil or greed. Economists may justify their efforts and their salaries chiefly by teaching citizens to know better. Such is the economist’s calling.La connaissance consiste en une triade : information, interprétation, et jugement. Une bonne part de l’économie politique moderne a échoué en assimilant la connaissance à l’information, ce qui revenait à dire que l’interprétation était symétrique et ultime. La prospérité économique repose dans une grande mesure sur l’émergence de nouvelles connaissances ou la “découverte” d’occasions de profit porteuses d’améliorations sociales. Souvent ces découvertes transcendent l’interprétation courante et non seulement l’acquisition de nouvelles informations. L’évolution des interprétations est essentielle pour évaluer le volontarisme en tant que maxime pour la politique. Smith, Hayek et Kirzner nous ont enseigné que des politiques publiques inappropriées résultent en partie d’une déficience de connaissances plutôt que de mauvaises intentions ou d’avidité. Les économistes peuvent justifier leurs efforts et leurs salaires essentiellement en apprenant aux citoyens à s’enrichir de connaissances. Telle est la vocation de l’économiste.

The idea of entrepreneurial discovery of profitable opportunities neglected by others as the driving force of the market process is the key contribution of Kirzner to economics. However, to enrich our understanding of the process of entrepreneurial discovery and to derive testable implications we need something more concrete than Kirzner’s alertness. The paper builds on Kirzner’s distinction between the logic of choice and perception (or understanding), by arguing that the essence of decision making is coming to an understanding, and learning how to act. A set of behavioral implications (such as experimentation, habits, imitation, empathy, etc..) follows as patterns of learning in different contexts. Further, conventions emerge as a means of stabilizing mutual expectations. Stability of conventions on the one hand and learning over time on the other creates possibility of entrepreneurial discovery and endogenous process of change.L’idée de découverte entrepreneuriale des opportunités profitables ignorées par les autres en tant que force motrice du processus marchand représente la contribution fondamentale de Kirzner à la science économique. Cependant, nous devons disposer de quelque chose de plus concret que la vigilance kirznerienne si nous voulons approfondir notre compréhension du processus de découverte entrepreneuriale et en déduire des implications testables. L’article se fonde sur la distinction qu’opère Kirzner entre la logique des choix et la perception (ou la compréhension) et propose que l’essence de la prise de décision consiste à parvenir à une compréhension et à apprendre comment agir. Un ensemble d’implications au niveau des comportements (telles que l’expérimentation, les habitudes, l’imitation, l’empathie) en découle comme schème d’ apprentissage dans des contextes différents. De plus, les conventions émergent en tant que moyens de stabilisation des anticipations mutuelles. La stabilité des conventions, d’un côté, et l’apprentissage dans le temps, de l’autre, créent la possibilité de découverte entrepreneuriale et de processus de changement endogènes.

The paper challenges Joseph Salerno’s recent revisionist account in “The Place of Human Action in the Development of Economic Thought” of the relationship between Friedrich von Wieser and F.A. Hayek and of their views on equilibrium theory. The paper argues, contra Salerno, that Wieser was not a proponent of general equilibrium theory, so could not have influenced Hayek in the manner Salerno suggests; that there was not a concerted effort by Schumpeter, Wieser, Mayer, and Hayek to advocate general equilibrium theory in the prewar and inter-war years among the Austrians; and finally, that Hayek’s early attraction to what he called “equilibrium analysis” had causes independent of those alleged by Salerno.Cet article récuse l’interprétation révisionniste récente de Joseph Salerno dans son article “The Place of Human Action in the Development of Economic Thought” à propos des relations entre Friedrich von Wieser et Friedrich Hayek, et de leurs visions au sujet de l’équilibre. S’inscrivant en cela en opposition avec ce qu’avance Salerno, cet article suggère que Wieser n’était pas un partisan de la théorie de l’équilibre général et, en conséquence, ne peut avoir influencé Hayek comme le suggère Salerno ; qu’il n’y a eu aucun effort concerté entre Schumpeter, Wieser, Mayer et Hayek pour promouvoir la théorie de l’équilibre général parmi les autrichiens durant les années d’avant-guerre et celles de l’entre-deux guerres ; et enfin, que l’intérêt du jeune Hayek dans ce qu’il appelait “l’analyse de l’équilibre” avait des causes autres que celles évoquées par Salerno.

This paper applies Israel Kirzner’s theory of entrepreneurship and the Austrian theory of capital to the theory of the firm. In particular, it explores why some firms are better able to react to exogenous change than others, especially when that change is negative. The argument is that firms that have structures of physical and human capital that are more “flexible” are better able to adapt to exogenous change. In this context, flexibility is understood in terms of Lachmann’s notions of the substituability and complementarity of capital. Flexible capital structures are ones in which elements can be more easily substituted for. Such flexibility carries a trade-off in terms of lost productivity from using less specific (and less highly complementary) capital, but it is argued that this trade-off might be worthwhile in an environment of heightened structural uncertainty.Cet article applique la théorie entrepreneuriale d’Israel Kirzner et la théorie Autrichienne du capital à la théorie de la firme. Plus particulièrement, il explore pourquoi certaines entreprises sont plus à même de réagir face à des changements exogènes que d’autres, spécialement quand ces changements sont négatifs. L’argument est que les firmes qui possèdent des structures de capital physique et humain plus “flexibles” sont plus aptes à s’adapter à des changements exogènes. Dans ce contexte, la flexibilité est comprise au sens lachmanien de substituabilité et de complémentarité du capital. Les structures de capital flexibles sont celles dans lesquelles la substitution entre les composantes est plus aisée. Une telle flexibilité entraîne un compromis en termes de perte de productivité découlant d’un usage de capitaux moins spécifiques (et moins complémentaires), mais il est suggéré que ce compromis en vaut la peine dans un environnement encore plus structurellement incertain.

One of Israel Kirzner’s less wellknown contributions is to the theory of capital. In this paper, we link the Austrian theory of capital and the theory of economic organization. Our starting point is the key Austrian notion of capital heterogeneity which we interpret in terms of attributes. Most capital assets are multi-attribute in nature, and many attributes may not be known to entrepreneurs. This fosters a need for experimenting with capital combinations. Because there are costs of measuring attributes, this process has implications for economic organization. Thus, we argue that novel implications for the understanding of ownership and the existence and boundaries of firms may be teased out of such a perspective.La théorie du capital représente une des contributions les moins connues d’Israel Kirzner. Dans cet article, nous établissons le lien entre la théorie autrichienne du capital et la théorie de l’organisation économique. Notre point de départ est la notion autrichienne fondamentale d’hétérogénéité du capital que nous interprétons en termes d’attributs. De par leur nature, la plupart des biens capitaux possèdent plusieurs attributs qui peuvent demeurer inconnus aux entrepreneurs. Ceci accroît la nécessité d’expérimenter des combinaisons capitalistiques. Etant donné les coûts qu’entraîne la mesure des attributs, ce processus a des implications quant à l’organisation économique. Ainsi, cette perspective permet de tirer de nouvelles implications pour notre compréhension de la propriété, de l’existence et de la taille des firmes.

The paper argues that Israel Kirzner’s theory of entrepreneurship has been influential on a number of related “dynamic” theories of organization. Kirzner’s theory is animated by a dual concern – the process (rather than the result) of rentseeking behavior and the fundamental incompletness (rather than the mere asymmetric structure) of knowledge. Placed in a technological and institutional context, this theory points to the importance of dynamic transaction costs: the coordination costs of acting upon an innovative rent-seeking opportunity. In some contexts, this kind of cost can explain vertical integration; in other contexts, it can explain the reverse phenomenon: vertical disintegration.Cet article soutient que la théorie de l’entrepreneur d’Israel Kirzner a influencé un grand nombre de théories dynamiques de l’organisation. La théorie kirznerienne est animée par un objectif double : – le processus (plus que le résultat) de comportement de recherche de rente et l’incomplétude fondamentale (plus que la simple structure asymétrique) de la connaissance. Replacée dans un contexte technologique et institutionnel, cette théorie souligne l’importance des coûts de transaction dynamiques : les coûts de transaction liés à une opportunité dans la recherche de rente innovante. Dans certaines situations, cette catégorie de coûts peut expliquer l’intégration verticale ; dans d’autres, elle peut expliquer le phénomène inverse : la désintégration verticale.

The “atemporal” character of Kirzner’s notion of alertness and discovery, and his insistence that entrepreneurship is independent of factor ownership have attracted many criticisms from within the Austrian camp. However, it is precisely these elements of his theory of entrepreneurship that offer important insights for the analysis of the relation between shareholders and management in the modern corporation. First of all, the Kirznerian perspective allows us to view both groups as entrepreneurial. Secondly, and contrary to modern agency theory and the Rothbardian strand of Austrian economics, it highlights the entrepreneurial role of management in introducing innovation. Finally, we argue that the Kirznerian perspective on the division of the entrepreneurial roles in the corporate firm shares some important ideas with the “resource based view” of the firm.Le caractère “atemporel” des notions kirzneriennes de vigilance et de découverte et l’insistance que met Kirzner à séparer l’activité entrepreneuriale de la propriété des facteurs lui ont valu de nombreuses critiques de la part des économistes autrichiens. Cependant, ce sont précisément ces éléments de sa théorie de l’entrepreneur qui éclairent de manière importante l’analyse de la relation entre actionnaires et gestionnaires dans l’entreprise moderne. Premièrement, la perspective kirznerienne nous permet de considérer que les deux groupes participent de l’activité entrepreneuriale. Deuxièmement, et contrairement à la théorie moderne de l’agence et la variante rothbardienne de l’économie autrichienne, elle met l’accent sur le rôle entrepreneurial de la gestion dans l’émergence d’innovations. Enfin, nous suggérons que la perspective kirznerienne à propos du partage des rôles entrepreneuriaux dans la firme présente des analogies importantes avec la théorie de la firme vue comme un “vivier de ressources”.

The paper distinguishes two types of entrepreneurial activity in terms of their institutionally relevant contexts. Type 1 (Kirznerian) entrepreneurship refers to catallactic activity in which coordinating mechanisms, operating via the exchange of property rights, generates market prices. We identify Type 2 entrepreneurship with noncatallactic processes.The paper argues that scientific activity, despite exhibiting characteristics congenial to the economic way of thinking, cannot be generally studied as a catallactic process under prevailing institutional arrangements. Recent changes in the institutional context of science, however, suggest a widening scope for treating science as a market activity.Cet article fait la distinction entre deux types d’activité entrepreneuriale suivant les contextes institutionnels où ils apparaissent. Le premier type (kirznerien) d’activité entrepreneuriale s’inscrit dans un cadre catallactique où les mécanismes de coordination opérant à travers l’échange des droits de propriété génèrent les prix marchands. Le second type d’activité entrepreneuriale que nous identifions relève de processus non catallactiques. L’article soutient que, même si elle présente des caractéristiques qui pourraient relever de la pensée économique, l’activité scientifique telle qu’elle est pratiquée dans les conditions institutionnelles actuelles, ne peut en général pas être étudiée comme un processus catallactique.Cependant, les changements récents dans le contexte institutionnel de la science suggèrent la possibilité grandissante d’envisager la science comme une activité marchande.

The aim of this paper is twofold: (a) to review briefly the main policy implications of Kirzner’s work (and to show that Kirzner has always been careful to draw policy implications from his analysis) and (b) to contrast these with the approach that is generally used in public policy. The following issues are discussed in the paper: taxation and entrepreneurial incentives; the effects of regulation on the entrepreneurial process and economic growth; monopoly and monopoly pricing; anti-trust laws and their impact on the market process; the coordination criterion of efficiency; and the notion of economic justice. I argue that the standard criteria of efficiency are often not useful to policy-making and should be replaced by Kirzner’s “coordination criterion”, which states that the institutions of the market economy must be geared toward allowing the capture of profit (i.e. fostering entrepreneurial incentives) in order to promote the speed and responsiveness of the market process. One of the main lessons of Kirzner’s work for policy making is that the market process is always competitive and takes place over time.Cet article a deux objectifs : a) passer brièvement en revue les principales implications politiques des contributions de Kirzner (et monter que Kirzner a toujours pris le soin de tirer les implications politiques de ses analyses) et b) distinguer ces implications kirzneriennes de l’approche généralement retenue dans l’élaboration des politiques publiques. Dans ce qui suit, nous discutons des questions suivantes : les impôts et les incitations entrepreneuriales ; les effets de la réglementation sur le processus entrepreneurial et la croissance économique ; les monopoles et leurs modes de fixation des prix ; les lois anti-monopole et leurs conséquences sur le processus marchand ; l’efficience en tant que critère de coordination ; et la notion de justice économique. Le papier soutient que le critère standard d’efficience est rarement utile au niveau politique et devrait être remplacé par le “critère de coordination” de Kirzner qui énonce que les institutions de marché doivent avoir comme point de repère la réalisation de profits (c’est-à-dire l’encouragement des incitations entrepreneuriales) de manière à promouvoir la vitesse de capacité d’ajustement du processus marchand. Une des principales leçons des contributions kirzneriennes pour les décisions politiques est que le processus marchand est toujours concurrentiel et s’inscrit dans le temps.

This paper contends that the identification of a pro-competitive agenda in the process of regulatory reform undertaken in many developing countries ultimately rests on the vision held by the authority about the sources of market failures. Conventional IO theory rests on the assumption that the exercise of market power by incumbent firms limits the access of potential competitive entrants, and therefore, regulation should curb such power. However, the existence of market power is an inference from conventional thinking on markets and competition. Professor Kirzner overturned this thinking, by introducing a realistic process perspective of markets, instead of the traditional structural view. Beyond the philosophical question of “realism,” the market process view sustains practical policy making advantages, mostly due to the lack of knowledge requirements placed upon the regulatory agencies to allocate resources more efficiently. The process view suggests the need of creating a proper institutional setting for firms to freely interact, rather than on impinging in the allocation of resources itself according to unreliable contrived views of market efficiency. Based on Kirzner´s process view, this paper outlines an alternative network competition perspective, focused on the integration of complementary capabilities, as a regulatory yardstick. This view balances the rights of incumbent firms to exploit their rights, and the possibilities of third parties to integrate into the network concerned on a non-discriminatory basis, thereby preserving the investments of incumbents on a more equitable basis.Cet article affirme que l’agenda proconcurrentiel de réforme réglementaire entrepris dans plusieurs pays en développement repose en fin de compte sur la vision qu’a l’autorité concernant les échecs de marché. La théorie conventionnelle d’organisation industrielle suppose que l’exercice du pouvoir marchand par les firmes existantes limite l’accès de concurrents potentiels et, qu’en conséque- nce, la réglementation devrait brider ces pouvoirs. Cependant, l’idée qu’il existe un pouvoir marchand est une émanation de la pensée conventionnelle à propos des marchés et de la concurrence. En opposant une vision réaliste du processus marchand à la vision structurelle traditionnelle, le Professeur Kirzner a réduit à néant ce mode de pensée conventionnelle. Audelà de la question philosophique du “réalisme”, la vision procédurale de marché affirme que la politique de réglementation est un échec car les agences de réglementation ne disposent pas des connaissances nécessaires requises pour affecter les ressources de manière efficace. La vision procédurale suggère le besoin de créer un environnement institutionnel dans lequel les entreprises peuvent interagir entre elles plutôt que d’empiéter sur l’affectation des ressources en ellemême comme le suggère la perspective artificielle et peu fiable de l’efficacité marchande. Se fondant en cela sur la vision procédurale de Kirzner, cet article ébauche une perspective différente du réseau concurrentiel dont l’étalon est l’intégration des capacités complémentaires. Dans cette vision, les droits des firmes existantes à exploiter leurs droits ont comme contrepoids les possibilités de tierces parties à s’intégrer dans le réseau concerné sur une base nondiscriminatoire, préservant ainsi les investissements des entreprises existantes suivant une base plus équitable.