Ce recueil propose, en associant – par delà les frontières disciplinaires – des spécialistes de l’Analyse textuelle et d’autres de l’Analyse du discours, de réfléchir à la notion d’unités textuelles-discursives. Il s’agit dans un projet très général de questionner le statut et la nature de ces unités et de les mettre en fonctionnement dans différents contextes afin d’étudier les conditions de leur opérationnalité.
1 Associer le texte et le discours
Afin d’expliciter ce projet, nous proposons, dans un premier temps, de le rapprocher de l’itinéraire décrit par Adam dans les deux éditions de ses Eléments de linguistique textuelle.
Dans Éléments de linguistique textuelle, en 1990, première présentation de son modèle de linguistique textuelle, l’auteur procède à une exclusion explicite de la dimension socio-historique du discours pour traiter le texte. Il délimite ainsi les objets de la linguistique textuelle :
… linguistique et pragmatique textuelles doivent définir un champ de recherche limité, à l’intérieur du domaine plus vaste du discours que d’autres disciplines (histoire, socio-linguistique, psycho-sociologie, psychanalyse, etc.) sont probablement plus à même de décrire. (Adam 1990 : 23)
Même si mon choix théorique gomme (provisoirement) le rapport au contexte d’une façon qui pourrait le rapprocher de l’idéologie du texte absolu, ce risque me paraît moins dangereux que celui de la dispersion et de la fuite en avant. (Adam 1990 : 24)
Dans ce contexte, Adam définit les périodes et les séquences textuelles dont la valeur ne peut être, étant donné le choix épistémologique exprimé, que descriptive. L’option était annoncée pour être provisoire. Adam, en 2004, publie Linguistique textuelle : Des genres de discours aux textes qu’il situe dans le prolongement de ses premiers Eléments et de Les textes : Types et prototypes (1992). Le nouvel ouvrage rompt très explicitement avec le précédent, il abandonne la prudence initiale au risque de contaminer la description strictement ou « purement » linguistique des unités.
… les pages qu’on va lire, tout en prétendant apporter également des réponses à la demande de propositions concrètes pour l’analyse des textes, partent d’une critique de fond. Le texte est certes un objet empirique tellement complexe que sa description pourrait justifier le recours à tous les moyens (et donc à des théories différentes). Mais c’est d’une théorie de cet objet et de ses relations au domaine plus vaste du discours qu’il faut partir pour espérer donner aux emprunts éventuels de concepts une indispensable cohérence … une théorie générale de la dimension textuelle des pratiques discursives et des faits de langue est aujourd’hui nécessaire. Cette théorie ne correspond pas simplement au passage de la grammaire à la stylistique, elle propose, tout au contraire, d’approcher le fonctionnement variationnel de la langue dans des pratiques discursives particulières, socialement et historiquement définies. (Adam 2004 : 16)
Cette rupture sera marquée par la création néologique, lorsque Adam, en 2005, publie La linguistique textuelle : Introduction à l’analyse textuelle des discours. L’objectif, poursuit alors l’auteur, devient « moins la description des unités que celle des opérations dont, à tous les niveaux de complexité, les énoncés portent la trace » (2004 : 38). C’est ici l’association des deux sous-disciplines auxquelles nous nous intéressons qui retient notre attention et, plus encore, la substitution du terme d’« opération » à celui d’« unité ». Cette modification terminologique relie les catégories de l’analyse à des pratiques dotées d’une finalité. Les séquences sont dès lors complétées par de nombreux autres éléments, [1] le questionnement reste toutefois bien centré sur les observables : ils sont à reconsidérer dans leur nature en lien avec les objectifs analytiques, lesquels ne sauraient occulter de la démarche la rigueur descriptive.
Notre perspective trouve également une justification dans le projet d’une sémantique interprétative de Rastier (2001, 2003 ; et ici même). Rastier distingue dans la tradition épistémologique des Sciences du langage en Occident deux problématiques majeures, l’une logique et grammaticale, l’autre rhétorique-herméneutique. La seconde prend pour objet « les textes et les discours dans leur production et leur interprétation » plutôt que le signe et s’assigne pour objectif le sens et non la signification.
2 Définir de nouveaux observables
L’évolution décrite justifie la réflexion que nous adoptons. Adam, s’appuyant sur les distinctions et les mises au point épistémologiques établies naguère par Coseriu, rejette toute théorie de la phrase étendue au texte.
Eugenio Coseriu, qui a introduit, dans un article de 1955–1956, « Détermination et entours », le terme même de « linguistique textuelle », pose le problème du texte/discours dans le cadre d’une théorie intégrale du langage, censée rendre compte de la nature complexe et énergétique de l’activité de parler et du « savoir linguistique » (compétence) que cette activité révèle. Sa linguistique intégrale est fondée sur une distinction entre trois niveaux autonomes du langage, chaque niveau se caractérisant par un « savoir » (compétence), un contenu et des normes spécifiques. Le texte, défini comme « la série d’actes linguistiques connexes que réalise un locuteur donné dans une situation concrète et qui, naturellement, peut se réaliser sous forme parlée ou écrite » (Coseriu 2007 : 86, traduction nôtre), représente le niveau individuel du langage, différent du niveau du parler en général et du niveau historique des langues. Ces différents niveaux sont dynamiques dans le sens où, comme l’indique le schéma ci-dessous (Figure 1, apud Coseriu 2007 : 128 ; Loureda 2012 : 157), chacun s’incorpore progressivement dans le niveau suivant et inversement : à partir du niveau individuel du discours se créent les modèles d’actes linguistiques ultérieurs. De ce concept de texte (texte1) considéré comme niveau autonome du langage, Coseriu distingue le texte (texte2), considéré comme une couche de structuration grammaticale d’une langue donnée (niveau idiomatique). [2] Celui-ci se situe au-delà de la phrase et constitue l’objet d’étude de la grammaire transphrastique, « science auxiliaire indispensable pour la linguistique du texte » (Coseriu 2007 : 322). [3] Si, comme le remarque Loureda (Loureda Lamas 2010 : 137), la conceptualisation de la grammaire transphrastique est relativement simple du point de vue théorique, il en va autrement de la linguistique textuelle proprement dite qui est, dans les termes du même Loureda, « trois fois linguistique du texte », en raison la complexité de son objet d’étude. En effet, la linguistique du texte proprement dite a pour tâche, comme il apparaît déjà dans le manuscrit inédit de Coseriu de 1957, d’étudier le texte dans sa dimension universelle, dans sa dimension historique par l’analyse des différentes traditions discursives [4] et dans sa dimension individuelle, en analysant, dans une démarche herméneutique, la construction du sens dans chaque texte :
A la rigueur, pour l’étude adéquate des aspects universels du savoir expressif, nous aurions besoin d’une grammaire générale des modalités circonstancielles de parler ; et pour ses aspects historiques, d’une discipline qui les étudie et les décrive comme des modalités expressives non-idiomatiques, qui ne sont pas liées à une langue déterminée. Nous aurions donc besoin, d’une part, d’une linguistique du circonstanciel ou, si l’on veut, de quelque chose comme une stylistique non-idiomatique, générale et historique. D’autre part, pour l’étude des discours, nous aurions besoin d’une linguistique du texte (ou « des textes »). Mieux dit, la « linguistique du texte », déjà existante sous la forme de stylistique appelée « de la parole », devrait être amplifiée de manière à englober également l’étude des modalités universelle et historique des discours. (Coseriu 1956–1957 : II, 4.2.3, traduction nôtre) [5]

Le concept de texte chez Coseriu.
Adam se situe également dans l’héritage benvenistien d’une translinguistique des textes qui, associée à la linguistique de l’énonciation, s’inscrit dans l’analyse du discours, linguistique du fonctionnement de langue. La sémantique de l’énonciation s’ouvre ainsi, comme dans la théorie de Coseriu, [6] à une métasémantique. La nécessité de sortir d’une linguistique, telle que la décrit notamment Combettes (1992), dont l’unité essentielle est la phrase, devient explicite :
Le travail sur le texte entraîne, par définition, l’obligation d’élaborer des notions spécifiques qui ne peuvent recouvrir – sinon partiellement – les concepts utilisés en grammaire phrastique. Ces derniers ne sont évidemment pas à rejeter en bloc ; ils possèdent leur propre utilité, dans leur ordre, mais ne peuvent être “réutilisés” tels quels, dans une problématique qui s’attache à un autre domaine que le leur. … Cette “distorsion,” ce décalage, entre les catégories de la grammaire traditionnelle et celles de la linguistique du texte ne doit pas étonner : l’approche traditionnelle est fondamentalement une approche phrastique, qui essaie de rendre compte de la grammaticalité des énoncés : elle propose donc – et ceci est parfaitement logique – des catégories construites sur des critères essentiellement morpho-syntaxiques … La linguistique du texte n’a pas pour objet d’étude les mêmes réalités. (Combettes 1992 : 113–114)
Il est donc bien question de réalités distinctes construites par les perspectives des analyses en jeu : les catégories morpho-syntaxiques ne deviennent pas pour autant inutiles et inexistantes pour les disciplines du texte. Leurs dimensions descriptive, organisatrice, voire heuristique, sont requises, comme peuvent en témoigner les travaux de Biber (1988), mais elles sont insuffisantes à leur visée. Les frontières qui fondent la linguistique doivent être franchies.
Même si des relations, des interactions, peuvent être observées entre les deux domaines (phrase et texte), des catégories fondées sur des caractéristiques purement grammaticales ne peuvent être considérées comme des notions fondamentales pertinentes en ce qui concerne la cohérence des textes. Ces remarques ne s’appliquent pas seulement aux natures (ou aux fonctions) des diverses parties du discours ; au plan syntaxique, il en va de même pour les structures de phrases. (Combettes 1992 : 113–114)
Penser la nature des unités ou observables en question en relation avec la finalité ou de la linguistique textuelle ou de l’analyse du discours s’impose comme incontournable. Moirand (1992 : 30) souligne que « l’hypothèse d’une linguistique de discours est de croire en la capacité de l’analyste de « reconstruire » [c]des données moins directement observables à partir de l’étude des signes inscrits dans la matérialité des surfaces discursives », mais que pour ce faire « [o]n est amené à utiliser des notions autres que les seules catégories sémantico-grammaticales des problématiques énonciatives indicielles (le cadre de l’énonciation posé par Benveniste, les traces des opérations énonciatives telles que les développe Culioli), si l’on veut éviter de tomber dans du catalogue » (Moirand 1992 : 28). C’est une position comparable que l’on trouve chez Bronckart (1997 : 138), lorsqu’il s’interroge sur les critères de différenciation des textes et des discours : « un tel classement de textes ne peut se fonder sur le seul critère aisément objectivable, à savoir les unités linguistiques qui y sont empiriquement observables ». [7]
Le traitement des données textuelles ne peut s’établir sur la simple confrontation d’indices présents ou absents dans la linéarité langagière. Un texte n’est pas une suite ni une succession de formes, mais une unité construite « relevant d’une activité interprétative fondée dans la totalité qu’il est, en tant qu’il élabore des cohérences internes construites dans le rapport non seulement local/global mais aussi intra/extra et intertextuel. Un texte se caractérise par des propriétés linguistiques construites à partir de marqueurs de différentes natures et de différents niveaux d’analyse qui trouvent corps ailleurs et autrement sous forme relationnelle, cohésive et contrastive » (Garric et Maurel-Indart 2011 : 8). Il est une unité empirique renvoyant à une activité discursive (Van Dijk 2008) : en tant qu’extrait, il ne reste qu’un ensemble de lettres mortes à construire, textualiser, interpréter. Il implique simultanément une certaine saisie de l’extériorité constitutive des formes et de leur répartition au point que les catégories en jeu deviennent des procédés porteurs d’effets : pratiques de l’espace social, participantes et agissantes, elles sont dotées d’une valeur performative.
Les linguistiques du texte et du discours ont toujours été ainsi poussées à se situer au sein des Sciences du langage (en témoigne par exemple la table ronde « La linguistique textuelle est-elle une linguistique ? » au XXIIème Congrès International de Linguistique et de Philologie romanes de 1998 (vol. 8, 2000) et plus loin également pour des questionnements différents mais qui peuvent se rejoindre, au sein des SHS. Elles sont ainsi presque systématiquement renvoyées à leurs unités d’analyse soit pour se démarquer d’autres approches de l’objet langagier, soit pour revendiquer leur inscription dans les Sciences du langage. Ainsi, se justifie l’introduction de la notion de frontières dans la problématique développée. On le voit, elle s’impose non seulement pour questionner les disciplines et sous-disciplines, mais également la nature des catégories convoquées, la nature des fonctionnements mis en jeu par les opérations de textualisation. Cette deuxième dimension est sans nul doute en grande partie déterminée par la première comme en témoigne les points de divergence qui peuvent s’exprimer dans la définition de l’espace pluridisciplinaire ainsi construit.
Néanmoins, au-delà des divergences, c’est bien une recomposition progressive des champs disciplinaires traitant des textes et des discours qui se dessine, notamment en raison de la remise en cause de l’isolement de la littérature au sein des pratiques discursives et du dépassement de la frontière entre description et interprétation, auquel contribue notamment la réflexion épistémologique des texto(logo)métriciens. (Monte 2010)
3 Adopter certaines exigences
Les écueils potentiels sont donc identifiés qu’il s’agisse de cantonner les analyses à des unités pré-existantes qui ne permettent d’atteindre ni le texte ni le discours ou de les ramener à ces unités dans un mouvement sécurisant qui vise à maîtriser l’hétérogénéité spécifique aux productions supra-phrastiques en la réduisant à certains composants en fonction du modèle de référence. La possibilité d’y échapper exige d’élaborer un modèle propre à l’analyse tel que le défend très explicitement Roulet (1991). Dans une démarche qui se veut éthique et programmatique, il propose d’atteindre cet objectif dans un modèle modulaire qui vise à satisfaire les exigences suivantes :
rendre compte des structures de tout type de discours …
rendre compte de la possibilité d’engendrer une infinité de structures discursives à partir d’un nombre limité de catégories et de principes …
rendre compte des différents niveaux d’organisation du discours et de leurs interrelations ;
rendre compte de l’hétérogénéité du discours, qui combine souvent différents types de séquences : dialogique et monologique, narrative, commentative, procédurale, etc. (Roulet 1991 : 53)
Ce modèle, selon Roulet citant Charolles, ne doit pas se réduire à un bricolage qui consisterait à adapter les outils existants :
A cela s’ajoute le fait que le discours, ne relevant pas seulement de la langue mais aussi de son usage, se trouve nécessairement soumis à des déterminations de caractère psychologique et social dont l’intégration, on s’en doute, est, elle aussi, source de difficultés. Difficultés car le problème consiste moins à relever des corrélations entre telle ou telle configuration discursive et tel ou tel contexte matériel d’occurrence, qu’à saisir en quoi l’organisation proprement dite du discours est déjà mise en forme de son insertion dans le situationnel, et programme, en quelque sorte de l’intérieur, dans la langue, son propre traitement. (Charolles et al. 1990 : 7–8)
Cette proposition d’une approche modulaire est récemment reprise par Adam dans un ouvrage collectif dédié à la mémoire de Jean-Blaise Grize (Adam 2015). Les différentes contributions, comme le souligne Rabatel dans son compte-rendu de l’ouvrage, abordent le paradigme de la textualité – de l’écrit au numérique en passant par l’oral – en invitant le chercheur à un certain nombre de précautions épistémologiques requises par la complexité de l’objet :
… d’autant plus que cette complexité est multiforme, avec les concaténations de structures, l’intrication de données intellectuelles et affectives (individuelles et sociales), de normes et de variations, nécessitant de dégager des dominantes, des gradients. Tout cela récuse les approches linguistiques à l’aune d’un seul prisme ainsi que les tentations de l’isolationnisme disciplinaire, ce dont témoigne a contrario l’articulation des problématiques textuelles et discursives. Et tout cela aboutit aussi à ce que les auteurs fassent leur une linguistique qui, dans la foulée de Benveniste, « pense par problème(s). (Rabatel, 2015)
Des différentes considérations développées s’impose l’idée d’un invariant pas seulement linguistique, mais aussi textuel et/ou discursif : une ressemblance portée par des agencements plus ou moins réguliers, plus ou complexes, de mots autour de propriétés morpho-syntaxiques, mais aussi fonctionnelles – discursives. C’est identifier, comprendre, décrire cet invariant que se fixe ce numéro en interrogeant les catégories du texte et du discours dans une démarche, si ce n’est unitaire, complémentaire.
4 Présentation des contributions
Roulet, dans son article de 1991, propose un état de l’art synthétique des différents modèles d’analyse des structures du discours. Il constate alors que ceux-ci ne se limitent qu’à une des formes du discours, mais que depuis les années 80, on assiste à un « double mouvement d’élargissement et d’intégration des approches ». Nous oserons inscrire ce numéro thématique dans ce mouvement en posant que l’articulation qui en est à sa base est susceptible de permettre de dépasser « la dispersion des approches ponctuelles ».
Cette ambition, explicitement abordée par Moirand, est visée par les contributions ci-après réunies selon deux axes essentiels : ou les auteurs tentent d’articuler les différentes approches de l’objet textuel ; ou ils tentent une formulation théorique propre mais intégratrice.
Dans la première de ces perspectives, Adam assigne à la linguistique textuelle trois sous-domaines complémentaires qui concilient au mieux des travaux habituellement menés indépendamment l’un de l’autre.
Dans la seconde, Longhi et Sarfati développent les apports de la théorie linguistique du sens commun, élaborée dans le cadre de la pragmatique topique, associée à la linguistique de corpus pour définir un complexe analytique intégrateur.
Situées dans l’un ou l’autre de ces axes, chaque auteur contribue à la réflexion sur les observables en adoptant un point de vue empirique qui confronte les considérations théoriques à la matérialité textuelle non réduite à des agencements phrastiques. Cette démarche, qui défend le rôle du corpus, est systématisée par des analyses consistant en des études de cas hétérogènes du point de vue de leurs conditions de production et d’interprétation afin de parvenir à identifier une certaine unité, au moins fonctionnelle, de l’objet d’analyse. Ainsi, Adam mène de front les analyses d’un discours de politique générale, d’une publicité et d’un poème en prose ; Garric traite de la définition dans les contextes de la publicité, du roman par lettres et du journalisme, Cislaru saisit les catégories du discours telles qu’elles se manifestent dans le processus de réécriture impliqué par différents dispositifs discursifs. Rastier rend compte de la complexité et de la dynamique des parcours textuels en s’appuyant sur l’analyse de textes littéraires. Combettes insiste sur la nécessité de prendre en compte l’interaction des différents niveaux d’analyse (informationnel, énonciatif, référentiel, des liaisons phrastiques) afin d’étudier le fonctionnement discursif de la dislocation à gauche dans un corpus constitué de textes littéraires et journalistiques.
L’objectif herméneutique de toutes ces contributions est systématiquement affiché. Il est envisagé en tant que tel ou plus systématiquement tel qu’il est mis en œuvre par l’une des activités discursives, par exemple lors de processus de lecture avec Lundquist, lors du processus d’écriture, ou de réécriture, avec Cislaru. Quelles que soient les différentes approches, la définition des observables s’inscrit dans une relation local/global (global/local) pour produire des catégories floues, instables, dépendantes, mais dotées d’une organisation hiérarchique, en palier, centrée sur un critère de fonctionnalité. Moirand rappelle sa tripartition, micro/méso/macro, rediscutée ici-même par Adam et Garric, alors que Longhi et Sarfati restituent cette complexité par un dispositif propre à leur modèle. Achard-Bayle repose la question des unités en essayant de rendre compte du caractère évolutif et déformable des objets du discours dans la complémentarité d’une linguistique textuelle et d’une linguistique contextuelle articulée à une cognition sociale. Rastier argumente pour la redéfinition de l’unité comme passage afin de pouvoir rendre compte de la complexité des textes tant sur le plan du contenu que sur celui de l’expression.
References
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- Conception du corpus et méthodologie d’analyse : Pour un renouvellement de l’analyse des discours institutionnels et politiques
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