L’émergence du ›crimen raptus‹ à Rome

Le présent ouvrage offre la première analyse du viol des femmes nubiles (raptus virginum) dans la Rome antique ; un sujet sur lequel les sources juridiques conservées dans le Digeste de Justinien nous renseignent très peu et non sans équivoque. L’objectif est de révéler les pratiques intellectuelles et argumentatives qui ont amené à l’émergence du crime de viol (crimen raptus) dans l’école de rhétorique du Pseudo-Quintilien (tournant du Ier siècle de n. è.), en amont de sa normalisation comme crime violent (crimen vis) par la jurisprudence de l’âge sévérien (début du IIIe siècle de n. è.). Pour ce faire, l’auteur examine de façon approfondie les aspects les plus saillants du système de principes et de règles, dans lequel le Pseudo-Quintilien inscrit le concept des violences de nature sexuelle : la définition de l’acte illicite, l’application de la procédure, la fonction des peines, le sens de la loi, la notion de responsabilité pénale et la question controversée du consentement de la victime. Bénéficiant d’un cadre épistémologique diversifié, l’ouvrage réalise une synthèse critique entre l’approche traditionnelle dogmatique et l’anthropologie du droit, pour répondre de façon innovatrice aux questions considérées par les historiens qui se sont occupés du thème du viol à Rome comme fermées ou futiles.

Inscrit dans la mouvance internationale dédiée aux interactions entre déclamations juridiques et droit romain, cet ouvrage offre la première analyse du viol des femmes nubiles (raptus virginum), en révélant les pratiques intellectuelles qui ont amené à l’émergence du crime de viol (crimen raptus) dans l’école de rhétorique du Pseudo-Quintilien, en amont de sa normalisation comme crime violent par la jurisprudence de l’âge sévérien.

Néphélé Papakonstantinou, JMU Würzburg, Deutschland.