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L'Image du Noir dans l'Egypte Ancienne (dès Origines à la XXVe dyn.)

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Africa in Antiquity, Meroitica 5, S. 19-22, Berlin 1979 Jean Vercoutter, Cairo L'Image du Noir dans l'Egypte Ancienne (dès Origines à la XXVe dyn.) Comme le prouvent les objets exposés ici même, à Brooklyn, Egypte et Nubie souda-naise et par celle-ci, l'Afrique plus lointaine, celle que nous appelons aujourd'hui l'Afrique au Sud du Sahara ont été en contact dès la plus haute époque. Il est évident que ces contacts ont dû laisser des traces dans l'art égyptien et que, par voie de conséquence, l'iconographie égyptienne peut nous donner une idée de l'aspect physique des populations noires que l'Egypte pharaonique a connues. Toutefois, une question préalable se pose: la définition même du mot "Noir". Faut-il, comme on le'fait souvent, restreindre ce terme aux populations qui, non seule-ment par leur pigmentation mais aussi par d'autres traits: forme du crâne, indice facial, chevelure, longueur des membres, sont proches des habitants actuels de l'Afri-que Occidentale, du Tchad aux bassins du Niger et du Congo ? Ou au contraire, doit-on, comme l'on fait toutes les civilisations antiques et médiévales, ne retenir que le seul critère de la couleur de la peau, et confondre Nègres vrais et Kamites à la peau parfois aussi foncée que celle des Nègres? Selon que l'on retient l'un ou l'autre critère, on est amené à accepter ou à rejeter telle ou telle représentation de "Noir" dans l'art égyptien. Depuis un article d'Hermann Junker qui fit date, les Egyptologues admettent généralement que ce ne fut qu'à la XVIIIe dynastie, vers 1450 av. J.-C., que les phara-ons entrèrent en contact direct avec les Noirs les Nègres r- dans lè sens restrictif du terme. Junker, en effet, concluait son article, en 1921, en affirmant qu'aucun indice, de 5000 à 1600 av. J.-C., ne permettait de croire à la présence de "Nègres" à proximité de l'Egypte. Selon lui, ce n'est qu'a partir de 1600 av. J.-C., que quelques nègres véritables, selon sa définition, seraient apparus dans la Vallée du Nil, où ils auraient pénétré par deux routes : soit en suivant le cours du Haut Nil à travers le Soudan actuel, soit en longeant la côte" orientale de l'Afrique par la Mer Rouge. Il y a, en effet, des Noirs typiques, au sens restreint du mot, parmi les habitants du Pays de Pount sur les bas-reliefs du temple d'Hatchepsout à Deir-el-Bahari. Toujours selon Junker, jusqu'au règne de Thoutmosis III, les populations noires de peau de la Haute Nubie qui figurent dans les tombes thébaines resteraient essen-tiellement "hamitiques" r- nous dirions aujourd'hui "kamites" et il n'y aurait pas eu de nègres parmi elles. Ce ne serait qu'après le règne de Thoutmosis III (1490—1436), que le vrai Noir apparaîtrait dans l'iconographie égyptienne. A la fin de la XVIIIe dynastie, sous les règnes de Tout-ankh-Amon et d'Horemheb, en revanche, les Nègres constitueraient la majorité de la population dans le couloir nubien au sud de l'Egypte, avec laquelle ils seraient donc en contact direct. L'opinion de Junker se fonde essentiellement sur la documentation iconographique; il est incontestable, en effet, que les Noirs par exemple de la tombe du Vice-Roi Houy, 19
© 1979 Walter de Gruyter GmbH, Berlin/Munich/Boston

Africa in Antiquity, Meroitica 5, S. 19-22, Berlin 1979 Jean Vercoutter, Cairo L'Image du Noir dans l'Egypte Ancienne (dès Origines à la XXVe dyn.) Comme le prouvent les objets exposés ici même, à Brooklyn, Egypte et Nubie souda-naise et par celle-ci, l'Afrique plus lointaine, celle que nous appelons aujourd'hui l'Afrique au Sud du Sahara ont été en contact dès la plus haute époque. Il est évident que ces contacts ont dû laisser des traces dans l'art égyptien et que, par voie de conséquence, l'iconographie égyptienne peut nous donner une idée de l'aspect physique des populations noires que l'Egypte pharaonique a connues. Toutefois, une question préalable se pose: la définition même du mot "Noir". Faut-il, comme on le'fait souvent, restreindre ce terme aux populations qui, non seule-ment par leur pigmentation mais aussi par d'autres traits: forme du crâne, indice facial, chevelure, longueur des membres, sont proches des habitants actuels de l'Afri-que Occidentale, du Tchad aux bassins du Niger et du Congo ? Ou au contraire, doit-on, comme l'on fait toutes les civilisations antiques et médiévales, ne retenir que le seul critère de la couleur de la peau, et confondre Nègres vrais et Kamites à la peau parfois aussi foncée que celle des Nègres? Selon que l'on retient l'un ou l'autre critère, on est amené à accepter ou à rejeter telle ou telle représentation de "Noir" dans l'art égyptien. Depuis un article d'Hermann Junker qui fit date, les Egyptologues admettent généralement que ce ne fut qu'à la XVIIIe dynastie, vers 1450 av. J.-C., que les phara-ons entrèrent en contact direct avec les Noirs les Nègres r- dans lè sens restrictif du terme. Junker, en effet, concluait son article, en 1921, en affirmant qu'aucun indice, de 5000 à 1600 av. J.-C., ne permettait de croire à la présence de "Nègres" à proximité de l'Egypte. Selon lui, ce n'est qu'a partir de 1600 av. J.-C., que quelques nègres véritables, selon sa définition, seraient apparus dans la Vallée du Nil, où ils auraient pénétré par deux routes : soit en suivant le cours du Haut Nil à travers le Soudan actuel, soit en longeant la côte" orientale de l'Afrique par la Mer Rouge. Il y a, en effet, des Noirs typiques, au sens restreint du mot, parmi les habitants du Pays de Pount sur les bas-reliefs du temple d'Hatchepsout à Deir-el-Bahari. Toujours selon Junker, jusqu'au règne de Thoutmosis III, les populations noires de peau de la Haute Nubie qui figurent dans les tombes thébaines resteraient essen-tiellement "hamitiques" r- nous dirions aujourd'hui "kamites" et il n'y aurait pas eu de nègres parmi elles. Ce ne serait qu'après le règne de Thoutmosis III (1490—1436), que le vrai Noir apparaîtrait dans l'iconographie égyptienne. A la fin de la XVIIIe dynastie, sous les règnes de Tout-ankh-Amon et d'Horemheb, en revanche, les Nègres constitueraient la majorité de la population dans le couloir nubien au sud de l'Egypte, avec laquelle ils seraient donc en contact direct. L'opinion de Junker se fonde essentiellement sur la documentation iconographique; il est incontestable, en effet, que les Noirs par exemple de la tombe du Vice-Roi Houy, 19
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