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Chapitre 22 Les curares

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110chapitre 22Les curaresPar Benoît Plaud et François DonatiLa première administration de curare en anesthésie a été réalisée à Montréal en 1942 par le docteur Harold Griffith. Il s’agit d’une étape importante dans l’évolution de la spécialité, car la curarisation de patients anesthésiés a sans aucun doute contribué au développement de la chirurgie en permettant la réalisation d’interventions de plus en plus complexes chez des malades de plus en plus graves. Les curares font partie d’une anesthésie dite balancée, qui consiste en un judicieux mélange de trois composantes: 1) la perte de conscience, habi-tuellement produite par un hypnotique (intraveineux ou inhalé); 2) l’analgésie, ou absence de douleur, pour laquelle on administre généralement un morphinique; 3) et l’immobilité, ou relâchement musculaire, qui provient de l’action des curares. L’anesthésiologiste module chacune de ces trois composantes en fonction des moments forts de l’intervention (induc-tion, entretien et réveil). Il faut souligner ici que contrairement aux hypnotiques et aux morphiniques, les curares n’agissent pas sur le système nerveux central, mais plutôt en périphérie, à la jonction neuromusculaire. L’injection de curare provoque donc une fai-blesse musculaire, voire un arrêt respiratoire, qui est insupportable pour des sujets éveillés. L’administration de curare doit donc être réalisée que chez des patients chez qui on a induit une sédation profonde ou une anesthésie et pour qui on prévoit une prise en charge des voies aériennes et une ventilation mécanique. Les curares sont utilisés en anesthésie pour faciliter l’intubation trachéale et pour assurer un relâchement ou une immobilité pendant la chirurgie. On s’en sert aussi en urgence et aux soins intensifs pour l’intubation trachéale et pour faciliter la ventilation mécanique. Ainsi, la connaissance du mécanisme d’action de ces médicaments, de leurs indications, des moyens de surveillance et de leurs effets secondaires est fondamentale.22.1Anatomie et physiologie de la transmission neuromusculaireLa jonction neuromusculaire est cet espace très mince entre le nerf périphérique et la cel-lule musculaire squelettique, ou myocyte. Elle transforme le signal électrique se propageant dans le nerf, ou potentiel d’action, en potentiel d’action musculaire, lequel déclenche une contraction. Cette transmission de signal s’effectue par la libération d’acétylcholine au niveau de la terminaison nerveuse et de récepteurs spécifiques situés dans la membrane de la fibre musculaire (Figure 22.1). Les nerfs périphériques dont les fibres se destinent aux muscles squelettiques ont leur origine dans le système nerveux central, plus précisément
© Les Presses de l’Université de Montréal, 2010

110chapitre 22Les curaresPar Benoît Plaud et François DonatiLa première administration de curare en anesthésie a été réalisée à Montréal en 1942 par le docteur Harold Griffith. Il s’agit d’une étape importante dans l’évolution de la spécialité, car la curarisation de patients anesthésiés a sans aucun doute contribué au développement de la chirurgie en permettant la réalisation d’interventions de plus en plus complexes chez des malades de plus en plus graves. Les curares font partie d’une anesthésie dite balancée, qui consiste en un judicieux mélange de trois composantes: 1) la perte de conscience, habi-tuellement produite par un hypnotique (intraveineux ou inhalé); 2) l’analgésie, ou absence de douleur, pour laquelle on administre généralement un morphinique; 3) et l’immobilité, ou relâchement musculaire, qui provient de l’action des curares. L’anesthésiologiste module chacune de ces trois composantes en fonction des moments forts de l’intervention (induc-tion, entretien et réveil). Il faut souligner ici que contrairement aux hypnotiques et aux morphiniques, les curares n’agissent pas sur le système nerveux central, mais plutôt en périphérie, à la jonction neuromusculaire. L’injection de curare provoque donc une fai-blesse musculaire, voire un arrêt respiratoire, qui est insupportable pour des sujets éveillés. L’administration de curare doit donc être réalisée que chez des patients chez qui on a induit une sédation profonde ou une anesthésie et pour qui on prévoit une prise en charge des voies aériennes et une ventilation mécanique. Les curares sont utilisés en anesthésie pour faciliter l’intubation trachéale et pour assurer un relâchement ou une immobilité pendant la chirurgie. On s’en sert aussi en urgence et aux soins intensifs pour l’intubation trachéale et pour faciliter la ventilation mécanique. Ainsi, la connaissance du mécanisme d’action de ces médicaments, de leurs indications, des moyens de surveillance et de leurs effets secondaires est fondamentale.22.1Anatomie et physiologie de la transmission neuromusculaireLa jonction neuromusculaire est cet espace très mince entre le nerf périphérique et la cel-lule musculaire squelettique, ou myocyte. Elle transforme le signal électrique se propageant dans le nerf, ou potentiel d’action, en potentiel d’action musculaire, lequel déclenche une contraction. Cette transmission de signal s’effectue par la libération d’acétylcholine au niveau de la terminaison nerveuse et de récepteurs spécifiques situés dans la membrane de la fibre musculaire (Figure 22.1). Les nerfs périphériques dont les fibres se destinent aux muscles squelettiques ont leur origine dans le système nerveux central, plus précisément
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